L’Hôtellerie Restauration : Après Bordeaux, Cheverny. Pourquoi ce choix ?
Alice et Jérôme Tourbier : L’idée c’était d’être hors de Paris, sans en être trop éloigné non plus. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la vente de notre établissement de Ville d’Avray, qui était trop proche de Paris. Nous avons pour ambition de créer un groupe hôtelier, attaché à la vigne. Cheverny est donc un lieu privilégié. Lorsque nous avions ce projet, le domaine actuel appartenait à deux propriétaires différents. Avec le château d’un côté et les corps de ferme de l’autre. La chance c’est que le tout était en vente au même moment. Nous avons eu à cœur de recréer le domaine tel qu’il était à l’origine. Nous avons aussi densifié les constructions en rajoutant des maisons en bois, tout en restant dans une architecture vernaculaire. Quand nous avons racheté, nous avons vu que la moitié des commentaires sur TripAdvisor étaient mauvais essentiellement à cause des chambres situées dans les corps de ferme. Les clients se sentaient mis à l’écart. Le fait d’avoir densifié les installations nous permet de gommer cela.
Quelle sont vos ambitions pour ce domaine ?
Nous souhaitons créer une vraie destination avec les Sources de Cheverny. Nous espérons attirer une large clientèle touristique - étrangères et notamment les Anglais - grâce aux visites des châteaux alentour. Avec le spa et les différentes activités, sur le domaine (tennis, équitation, balades - 30 hectares de forêt sur le domaine) ou aux alentours (golf par exemple), nous avons la volonté de faire séjourner les clients au-delà d’un week-end. Nous espérons également toucher la clientèle de séminaire, peut-être à partir de l’année prochaine.
Le développement de l’œnotourisme nous tient également à cœur. Nous avons notamment planté trois hectares de vigne en bio, du Romorantin, grâce à un contrat de fermage avec le vigneron Philippe Teyssier. On peut espérer du vin d’ici cinq ans.
Mais pour le moment nous devons bien maîtriser cette maison, la connaître et la vivre.
Comment avez-vous vécu cette période Covid ?
C’était les montagnes russes des émotions. Nous devions ouvrir au début de l’été 2020. Mais en mars, tout le chantier était à l’arrêt suite aux annonces gouvernementales. Nous nous sommes mobilisés, très vite nous avons mis en place tous les protocoles possibles pour reprendre. Et finalement l’arrêt des travaux n’a duré que quinze jours. Et comme les autres chantiers étaient tous à l’arrêt, nous avons eu beaucoup de monde sur le chantier. Donc ouverture le 1er septembre 2020. Deux mois d’exploitation. Et nouvelle fermeture le 1er novembre, pour rouvrir, uniquement les week-ends, à partir de janvier 2021. C’était important de reprendre, pour les équipes notamment. Et depuis le 1er avril nous avons ouvert à 100 %.
Comment voyez-vous l’avenir de l’hôtellerie ?
On le voit plutôt positivement. Cette industrie connaît des chocs. Cette fois, il y a un côté très inédit, car tout s’est arrêté. Mais ce n’est pas possible que les voyages ne reprennent pas. Les touristes français sont là, les Américains vont arriver… Et pour ce qui nous concerne, nous sommes le seul 5 étoiles de la destination Val de Loire, donc nous ne sommes pas trop inquiets. Nous avons connu une année compliquée mais un projet comme ça c’est sur du long terme. Et finalement la crise nous donne raison : les gens ont besoin d’espace, de nature, d’activités…
On entend beaucoup parler de problèmes de recrutement dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Quelle est votre vision sur l’emploi ?
Actuellement, notre équipe est constituée d’environ 50 collaborateurs et nous cherchons à recruter une vingtaine de personnes de plus. Mais en effet, les choses ne sont pas simples. Nous avons récupéré beaucoup de main d’œuvre de Paris et ceux qui n’ont pas pu travailler en saison. L’emploi est un challenge majeur pour notre profession mais finalement cette crise donne du sens à ce que nous faisons côté RH. Les candidats en ont marre de payer une fortune leur loyer. Paris redeviendra dynamique, mais il faut attendre un peu.
Nous avons créé des chambres sur le site, essentiellement pour loger les stagiaires mais nous sommes en train d’en ouvrir d’autre pour en avoir 16 au total. Ici, c’est la France sympa, celle qui n’a pas encore trop de problème. Nos collaborateurs viennent trouver de la quiétude.
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Publié par Romy CARRERE