Porté par le fil conducteur de l'innovation dans la formation, le congrès de l'Anephot, qui s'est tenu du 26 au 28 novembre à Montargis, a proposé une table-ronde « Mieux vivre ensemble, entre professeurs et élèves ». Quelles sont les actions entreprises ? Les risques pris ? Y a t-il eu des leviers ? Des chefs d'établissements ont échangé. À Nantes, Jean-Philippe Thoiry est à la tête de l'Ensemble scolaire Sacré Coeur - qui regroupe depuis l'an dernier deux collèges et un lycée (1 100 jeunes dont 75 en filière tourisme). L'idée : mutualiser et harmoniser les pratiques pédagogiques et éducatives. "La gestion est assurée par une même équipe, et pilotée par moi, dit Jean-Philippe Thoiry. Attention, si cette aventure est un projet commun (mutualisation des moyens), chaque établissement garde sa spécificité !" En septembre, il y a eu un coup d'essai avec une pré-rentrée sur deux jours. Les élèves des deux établissements - l'une n'a pas voulu participer - se sont réunis la première journée pour "apprendre à se connaître", avant de rejoindre le lendemain leur lycée ou collège respectifs.
Sortir du cadre scolaire
Serge Lemaire, chef d'établissement du lycée Notre-Dame de Saint-Méen-le-Grand (35), pratique la même chose, à un détail près : "il faut quitter les lieux" pour bien s'intégrer. "Nous avons une demi journée de pré-rentrée commune avec une sortie à l'extérieur." Seul bémol : qui dit pré-rentrée, dit rentrée plus tôt ! "Il était inenvisageable pour une école d'y participer", raconte Jean-Philippe Thoiry. De son côté, Florence Maulin, chef des travaux du lycée de Boulazac (24), a remédié à cela : "Les professeurs du CFA et du lycée de la CCI Dordogne sont rentrés le 25 août au lieu du 28, et rattraperont en contre partie les ponts. Les deux objectifs : les enseignants et formateurs se côtoient ; et les enseignants des matières générales et d'hôtellerie-restauration aussi. Chacun voit les difficultés des uns et des autres." Egalement, le lycée et le CFA mettent en place une journée d'intégration (d'ordre sportif ou culturel). La formule plaît et sera augmentée "à trois/an".
L'établissement Périgourdin a initié aussi un Trophée des classes : celle qui obtient le plus de points reçoit un lot. "Tout au long de l'année, les jeunes sont notés sur le règlement intérieur (dont la tenue civile : costume/cravate, tailleur), l'investissement dans les projets, etc", détaille Florence Maulin. Est-ce que ça pourrait les diviser ? "Non, rétorque t-elle. Ce n'est pas une compétition. Ca les valorise, au contraire. Ils se sentent impliqués en classe."
Laisser du capital temps aux professeurs
Quant à Didier Koenig, directeur du lycée privé Saint-Gilles à Fontiville (37), il s'est posé l'affirmation suivante : "Il faut que je libère du temps". Ainsi, l'heure de cours est passée à 50 minutes ; ce qui donne 8 séquences de cours sur la journée, soit 40 minutes de moins. "Sur l'année, poursuit-il, les professeurs me disent ce qu'ils vont faire de ce capital temps ! Certains prennent les jeunes le midi pour un cours de soutien ; d'autres ne font plus de visites de stages mais donnent des cours de soutien à la place ; le professeur d'anglais fait la mise en place en anglais en TP. Nous avons deux oraux blancs pour les examens, contre un initialement." Al contrario, Jean-Philippe Thoiry a augmenté l'heure de cours de 50 à 75 minutes. Ce qui lui a permis de positionner une heure par semaine pour rassembler les professeurs. Et de poursuivre : "Je récupère toutes les heures de pondération pour initier des projets communs."
Publié par Hélène BINET