Comme vous le savez, la profession s'élève contre les dérives de l'économie dite collaborative. Est-ce normal, qu'à activité similaire, les règles varient ?
L'économie collaborative bouleverse notre économie toute entière. D'un côté, elle est créatrice de richesses et de pouvoir d'achat pour certains de nos concitoyens, elle est même la source d'une nouvelle solidarité. De l'autre, elle est créatrice d'inégalités et de distorsions économiques, plongeant de nombreuses professions et de nombreux professionnels dans la difficulté. Je crois donc en une approche équilibrée sur ce sujet: encourager l'économie collaborative mais en l'encadrant mieux pour protéger les professionnels. À mon sens, les plateformes doivent donc être mieux régulées, pour protéger les travailleurs, comme cela est fait en Californie et comme cela le sera bientôt à Berlin, mais aussi pour permettre aux métiers, comme ceux de l'hôtellerie et de la restauration, de se défendre à "armes égales". Pour cela, je propose de poursuivre la réforme du RSI afin d'inclure ou de mieux inclure les employés de plateformes, mais également de renforcer les moyens de l'Urssaf d'Ile de France et de la mairie de Paris dans leur combat contre les pratiques illégales, à l'image de ce que font les mairies de Londres et New-York. En somme, mon ambition est d'intégrer cette nouvelle économie dans notre socle de protection sociale et de la contraindre à en respecter les règles. Le collaboratif doit être un progrès pour tous.
Le
tourisme est reconnu depuis peu comme un secteur économique à part entière.
Quelle place, quel 'ministère' doit-on lui accorder ?
Le
tourisme a beaucoup souffert à la suite des attentats terroristes et je salue
la mobilisation des autorités pour tenter de dynamiser ce secteur. Il
représente selon moi un véritable atout pour notre économie et notre pays de
telle sorte que nous devons le soutenir et le valoriser, notamment en comparant
les bonnes pratiques étrangères en matière d'accueil, notamment dans nos
aéroports. Par conséquent, le tourisme gardera une place entière dans ma politique
économique : la France a besoin d'accueillir plus de touristes, tant pour faire
profiter le monde de ses richesses que pour faire fleurir ce secteur. Je serai
à l'écoute de la profession dans ce domaine car la France doit attirer ces
nouvelles classes moyennes et supérieures qui souhaitent découvrir notre pays.
L'Umih a dénombré que des centaines de
normes et de règlements s'appliquaient aux entreprises de l'hôtellerie et de la
restauration, dont 90% emploient moins de 8 salariés. 50 nouvelles
réglementations tombent tous les ans, soit environ 150 gestes nouveaux pour
l'exploitant. Votre sentiment ?
Le
sens de ma candidature est de libérer les Français. Cela signifie leur redonner
le contrôle dans de nombreux domaines, y compris en matière économique et
d'initiative. Je me suis donc exprimé publiquement sur ce sujet pour que les
services de l'Etat, en coopération avec les professionnels des métiers,
vérifient la pertinence des règles administratives qui pourraient entraver leur
activité. Il faut redonner du sens à l'action de l'État, en libérant nos
métiers des règles qui les empêcheraient de croître. Il s'agit d'une priorité
pour les PME par exemple.
Quels
sont les leviers à mettre en oeuvre pour préserver et développer les TPE et les
PME qui sont vecteurs d'emplois, non délocalisables ?
Je
suis le candidat des PME. Déjà, quand j'étais Ministre du redressement
productif, je me suis battu pour défendre les PME, à travers la promotion du
made in France, à travers l'accès au crédit bancaire, à travers les
Commissaires au redressement productif ou la mise en place de filières dont le
but était de promouvoir et de porter le travail de nos PME. Je suis moi-même
entrepreneur et j'ai pris des participations et soutenu des PME. Pour vous dire
comme ce sujet compte pour moi. Et je compte bien centrer ma politique
économique sur nos PME : elles vont bénéficier à plein du plan
d'investissement, elles vont pouvoir participer aux marchés publics puisque 80 %
leur seront réservés, elles vont avoir accès à des financements plus
aisés avec la nouvelle banque d'encouragement au risque. Enfin, et de manière
générale, elles bénéficieront d'une vraie politique de croissance (au niveau
européen comme français) soutenue par la politique budgétaire et les gains de
pouvoir d'achat des Français mais également par une politique commerciale plus
protectrice.
Les
entreprises françaises, dans leur ensemble, réclament la stabilité fiscale. Que
répondez-vous ?
Je
ne compte pas toucher la fiscalité des entreprises durant mon mandat si ce
n'est en réallouant 10 milliards du CICE aux ménages pour leur redonner du pouvoir
d'achat. Ma politique fiscale se veut lisible et prévisible pour tous les
acteurs. Le cap sera fixé en début de quinquennat et maintenu de la sorte afin
de permettre aux professionnels comme aux ménages d'avoir de la visibilité sur
leurs dépenses.
Y
aura-t-il ou non, si vous êtes élu à la présidence de la République, une
hausse de la TVA ?
Non,
je ne souhaite pas toucher à la TVA. Je compte protéger le pouvoir d'achat des
Français en priorité.
Le
secteur est confronté à de multiples problèmes de trésorerie et de crédit. Qu'envisagez-vous ?
Les
problèmes de trésorerie touchent trois restaurants sur quatre et deux hôtels
sur trois. J'ai conscience de cette difficulté et j'entends travailler sur ce
sujet. Plusieurs pistes existent : amplifier les travaux des médiateurs du
Crédit, poursuivre l'action de la Banque de France en ce sens, réduire les
délais de paiements. Les restaurateurs et hôteliers doivent avoir accès au
financement : je suis prêt à nationaliser une banque pour résoudre notamment à
ce problème.
Publié par Sylvie SOUBES