Paris n'a pas perdu son attractivité légendaire (TO de 78,8 % sur les six premiers mois), dopée par un mois de juillet qui affiche des taux records à + 4,7 % de RevPar. Et ce, en dépit d'un mois d'août décevant sans effet JO (-2,3 points de TO) et de la concurrence de sa grande rivale, Londres (82 % de TO sur les six premiers mois) mais aussi des villes asiatiques comme Singapour (86 %) Hong Kong (88 %) et Tokyo (82 %). Pour le directeur général de l'OTCP, Paul Roll, "cela prouve surtout qu'il reste des marges de progression importantes pour Paris". Car si Paris reste l'une des capitales les plus visitées au monde, elle attire toujours autant de touristes (+ 0,6 % de point d'occupation au premier semestre 2012 à 78,8 % et un RevPar en hausse de + 6,9 %) et surtout une clientèle internationale en constante progression (+ 6 % d'arrivées internationales sur les 6 premiers mois). Celle-ci a ainsi compensé la baisse de fréquentation des Français (- 3,2 %) occasionnée par des raisons diverses comme la baisse du pouvoir d'achat, les élections, les conditions météo entre autres.
Retour des Américains et des Japonais
Paris a par ailleurs, retrouvé avec satisfaction ses clients fidèles "les États-Unis reviennent depuis un an et demi, devait préciser Thomas Deschamps dans sa présentation, avec depuis janvier 2012 une croissance à deux chiffres (+ 14,6 %), ainsi que la clientèle britannique". En Europe, les Suisses enregistrent la plus forte progression (+ 23,9 %) alors que les Espagnols, victimes de leur crise économique sont en baisse de 22,3 %. Et parmi les voyageurs lointains, Paris a enregistré avec une réelle satisfaction un retour des Japonais (+ 6,2 %) qui reviennent en Europe malgré la catastrophe de Fukushima. En revanche, certains 'nouveaux marchés' ont été moins dynamiques cette année d'après l'OTCP comme la clientèle brésilienne pénalisée par un real déprécié face à l'euro de - 10 %. Quant à la clientèle chinoise, si elle affiche des progressions moins importantes que ce qu'on pouvait prévoir "c'est parce qu'elle est le plus souvent hébergée hors de la zone francilienne, Paris ne représentant que 20 % du marché", devait déclarer Paul Roll. Elle devrait représenter une croissance à deux chiffres sur l'ensemble de la France".
Paris garde donc le sourire sur les six premiers mois. La ville est sereine quant à son bilan estival même si la période du Ramadan, du 20 juillet au 19 août n'a pas permis de remplir les hôtels comme l'an dernier (essentiellement 4 et 5 étoiles). "Mais l'année dernière était une année exceptionnelle en termes de fréquentation sur le mois d'août", précise Thomas Deschamps. Par ailleurs, cette désaffection de la clientèle du Moyen-Orient n'a pas été compensée par une arrivée de touristes venant des JO de Londres. En effet, d'après l'observatoire de l'OTCP, les hôtels sont en recul de 2,3 points en taux d'occupation sur la période du 27 juillet au 12 août. Toutefois comme les prix moyens ont tout de même augmenté de + 2,4 %, le chiffre d'affaires des hôtels reste quasiment identique (RevPar de - 0,8 %).
4000 chambres de plus dans les 4 à 5 prochaines années
Pour Jean Bernard Bros, cette situation n'est pas surprenante : "On ne s'attendait pas à une arrivée massive de touristes venant des JO. Ce que l'on peut dire c'est que cela nous a faits plutôt du bien que du mal, sans pour autant avoir à supporter les dépenses d'investissements qui ont été particulièrement lourdes sur Londres", a-t-il précisé. Un événement qui a en revanche fait du bien aux hôtels à Londres qui enregistrent d'après l'observatoire STR entre le 27 juillet et le 12 août, 85 % de taux d'occupation en moyenne sur tout Londres avec des prix moyens se situant à 212,22 £ (268,57 €), "soit une augmentation respective de 4,8 % et de 86,1 %, par rapport à 2011 sur la même période", déclare l'observatoire STR.
Aujourd'hui, si Paris reste fière de ses résultats, enregistrant avec satisfaction l'augmentation de la clientèle étrangère, elle reste cependant lucide sur l'avenir, notant au passage la montée en puissance de nouvelles villes concurrentes. Elle ne néglige pas ses atouts existants (augmentation de son offre de musées, qualité des expositions présentées) mais aussi augmentation de son parc hôtelier 4 000 chambres supplémentaires dans les 4 à 5 prochaines années sur les 7 000 programmées, avec 40 projets dont la capacité moyenne est plus élevée que celle des hôtels parisiens, donc susceptible de recevoir une plus large clientèle de salons et de congrès. Toutefois, malgré tous ses efforts Paris est aussi tributaire des aléas de la conjoncture internationale et des bouleversements géopolitiques qui peuvent à tout moment déstabiliser l'édifice. Sans compter l'éventuel impact de la fermeture de ses hôtels emblématiques que sont le Ritz, le Crillon et une partie du Plaza pour travaux de longue durée.
Publié par Évelyne de Bast