Raymond Blanc, propriétaire de Belmond Le Manoir aux Quat'Saisons à Oxford
"Je me suis épanoui en Angleterre depuis quarante-deux ans grâce à l'écoute des Britanniques et à leur approche multiculturelle. Je savais que les résultats seraient serrés car les Britanniques sont très attachés à leur souveraineté. Néanmoins, ce matin, je suis choqué, triste et mal dans ma peau ce matin en découvrant que c'est le 'out' qui l'a emporté. Vais-je laisser flotter sur le Manoir les drapeaux français et européen ? Le drapeau français oui, mais est-ce que le drapeau européen pourra-t-il être mal perçu localement ? Comment serons-nous pénalisés à moyen et long terme quant aux coûts des produits importés de France et d'ailleurs ? Quant à l'embauche de personnel qui est à 50 % non britannique dans notre entreprise?Il y aussi beaucoup d'autres incertitudes. Il n'y a pas lieu de dramatiser mais nous sommes dans le flou. C'est en tout cas le signe que Bruxelles doit faire un réel effort pour communiquer avec toutes les nations d'Europe."
Laure et Didier Merveilleux, qui ont
fondé Didier's Pâtisserie en 1995
"Nous sommes très surpris
de ce résultat en faveur de la sortie de l'UE. L'impact immédiat
ce matin c'est une hausse de 11 % du prix des oeufs que nous
importons de Normandie. En plus d'une augmentation des coûts de
matières premières, nous allons vers l'inconnu concernant notre
personnel. Nous employons 35 personnes, dont 15 nationalités
européennes différentes. Allons-nous, dans quelque temps, devoir
payer des visas de travail ? Le résultat de ce référendum
soulève beaucoup de questions."
Bruno Loubet, chef associé de Grain
Store à Londres
"Je suis étonné du résultat. La première
question que cela soulève pour mon restaurant concerne le personnel.
Sur 70 employés, seule une dizaine est de nationalité anglaise.
Sera-t-il plus difficile de trouver du personnel qualifié à
l'avenir ? C'est encore trop tôt pour le dire. Côté matières
premières, nous travaillons déjà beaucoup localement, donc on ne
devrait pas être trop affectés de ce côté là. En revanche, on se
prépare à une augmentation des prix pour les ingrédients importés
d'Italie, d'Espagne ou de France."
David Moore, propriétaire associé
de Pied-à-Terre et l'Autre-Pied
"En tant qu'Irlandais,
résidant et travaillant au Royaume-Uni, je suis choqué et déçu par ce résultat. En tant que chef d'entreprise, je pense
qu'il est nécessaire d'avancer, de rechercher les aspects positifs
et de tenter de tirer le meilleur parti de la situation. Seule une
attitude positive sera utile."
Ufi Ibrahim, à la tête de la British
Hospitality Assosciation souligne que le secteur de l'hôtellerie-restauration est le 4e
employeur du pays, avec 4,5 millions d'emplois.
"La question du
référendum sur l'UE marquait un moment capital pour l'avenir de
notre industrie. Notre secteur, ainsi que le tourisme, tirent profit
d'une économie florissante et tout niveau d'incertitude aura un
impact. Le retrait du Royaume-Uni de l'UE est le début d'un
processus qui pourrait prendre des années. Nous avons invité nos
membres, les leaders du secteur et les représentants politiques à
se réunir le 27 juin pour discuter des conséquences économiques et
politiques à court terme. Nous souhaitons être impliqués à la
table de toutes les négociations notamment celles concernant la
fiscalité, l'immigration et la réglementation."
Gérard Basset, meilleur
sommelier du monde 2010, propriétaire l'Hôtel Terra Vina à Netley Marsh, près
de Southampton (Hampshire)"Je suis déçu et inquiet
pour l'avenir, mais pas catastrophé. Nous avons ouvert notre établissement en
2007, autrement dit, nous avons déjà traversé une crise économique. Peut-être
que la période de crise qui s'annonce à la suite des résultats de ce référendum,
créera des opportunités qui se révéleront positives. En tout cas je l'espère.
Côté recrutement, nous ne sommes pas inquiets. 80 % de notre
personnel est anglais. Par ailleurs, même si les formalités doivent changer,
nous aurons le temps de nous préparer car cela ne va pas se faire du jour au
lendemain".
Pascal Aussignac, chef étoilé propriétaire associé de Gascon Connection, à Londres
"Les résultats en faveur de la sortie de l'UE ont été
une surprise totale. Les sondages prévoyaient des résultats serrés mais
honnêtement, je pensais, comme la plupart des londoniens que je connais, que
c'est le 'remain' qui l'emporterait. Concrètement, pour le moment, nous n'avons
encore pas vu de changement dans les réservations. Mais nous étions déjà depuis
plusieurs mois dans une espèce d'attentisme. Depuis vendredi, c'est le flou
complet. On table pour l'heure sur une augmentation des prix de nos fournisseurs
d'ingrédients importés de France de 10 %. Mais on navigue à vue et on demeure dans
l'expectative la plus totale. Que restera-t-il d'uni du Royaume-Uni ?".
lundi 27 juin 2016