Ça vous est arrivé : Épuisé par les problèmes de personnel

Albert a longtemps enchaîné les extras et les saisons avant de passer de l'autre côté du comptoir pour devenir patron en 1996. Quatorze ans plus tard, le bail non renouvelé provoquait la fin d'activité mais le soulageait de nombreux problèmes.

Publié le 13 avril 2016 à 12:16

Il n'y a pas de mauvais employé ni de mauvais patron, il y a juste de mauvaises personnes. C'est sans doute la pensée d'Albert (qui tient à rester anonyme), 53 ans, qui a connu plus jeune la répartition injuste des pourboires, les logements indécents et parfois même les traitements inhumains, "que je n'ai jamais voulus pour mon personnel", confie-t-il. À 34 ans, il quitte le statut d'employé pour se confronter à la gérance d'un restaurant. Ce sera à Courchevel (Savoie). "J'ai d'abord travaillé avec des amis, ce qui a été difficile car mes consignes étaient contestées. J'ai ensuite fait des erreurs, comme manger avec le personnel ou le tutoyer. Si le respect est non négociable, il m'est vite apparu qu'une trop grande proximité nuisait au management", constate le quinquagénaire. En quatorze ans de gérance, l'homme a connu de grands bonheurs mais aussi de sérieuses déconvenues de la part du personnel, que ce soit de la malveillance, des événements tragiques ou même des soucis logistiques :"J'étais lassé de chercher du personnel que je n'étais pas en mesure de loger. À chaque saison, je passais un temps fou à dénicher des logements médiocres à 1 000 € mensuels."

"Je me suis fait berner"

"Tous ceux qui ont eu des responsabilités chez moi sont aujourd'hui à la tête de leur entreprise", clame le restaurateur qui n'aura pas toujours connu la gratitude. "J'employais trois ou quatre personnes pour la saison, plus des extras. Je pourrais écrire une histoire sur chacun. En 2009, j'ai embauché dans l'urgence un chef de 40 ans. Je l'ai rencontré à Toulouse, il avait un bon discours, il venait de chez Troisgros... J'étais passé par une coûteuse agence de placement. Il est arrivé en cuisine avec la toque, la tenue impeccable et les stylos à la boutonnière. Mais je me suis fait berner, il n'a pas tenu dix jours, se souvient Albert. Du coup, je suis allé à Grenoble rencontrer 'un type bien', plein d'idées qui sortait de chez Pic et que je voulais embaucher à la place de l'usurpateur. Mon nouveau chef et le second, qui était arrivé lui aussi en remplacement d'un autre cuisinier très porté sur la bouteille , partageaient le même logement. Le premier est parti du jour au lendemain suite à une mésentente avec le second. Deux jours après, j'ai reçu une lettre recommandée de six pages. Tout était ficelé, prêt pour les prud'hommes. Il me réclamait le paiement d'heures supplémentaires. Mon avocat m'a dit qu'au vu des éléments produits dans le courrier, avant même d'entrer dans l'entreprise, il avait mis en place la machination. Je suis tombé de haut. J'ai été meurtri humainement car nous nous étions très bien entendus", s'étrangle le professionnel, qui dirige aujourd'hui une maison d'hôte dans le Lot.

Et puis, il y a aussi eu des drames que l'on doit à la fatalité, comme le décès de ce cuisinier le dernier jour de la saison dans l'explosion de son véhicule "à cause d'un chauffage d'appoint défectueux". Ou encore la perte de celui qu'il considérait comme son ombre : "Pierre est rentré chez moi en extra. La troisième année, je l'ai embauché à temps complet. Il était mon responsable de salle et occupait même les lieux pendant la fermeture estivale. Il boursicotait avec l'objectif d'être rentier à 45 ans. Des copains lui ont prêté de l'argent. La crise des subprimes est arrivée. Il s'est pendu dans l'entreprise."


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Publié par Francois PONT



Commentaires
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Anonyme

mercredi 26 août 2015

Nous sommes nombreux à vivre de telles situations. Manager du personnel en hôtellerie-restauration est vraiment très difficile. Les prud'hommes que nous perdons nous découragent et il semble que nos investissements qu'ils soient humains ou financiers ne sont jamais à la hauteur des attentes du personnel. Dommage car ce sont des métiers de passion que très peu comprennent à notre époque. Courage, il faut tenir...
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VALERIE JOELLE VAILLANT

mercredi 26 août 2015

Personnellement, j'ai plutôt le sentiment que les hôteliers ne savent pas s'attacher les services de personnes compétentes
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pascale CLEMENT

mercredi 26 août 2015

Nous avons un métier où les places ne manquent pas. les employés sont volages et vont où le vent les porte. il est très difficile de les fidéliser car nous ne pouvons leur donner des salaires importants. c'est un métier de passion, qui dit passion dit amour et haine. l'on donne beaucoup et l'on ne reçoit pas souvent grand chose....
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Jean-Pierre CHEVALLIER

mercredi 26 août 2015

Toute ma compassion pour ce témoignage . Tous les problèmes exposés sont malheureusement aujourd'hui le lot de chaque employeur . Dès que je rencontre un confrère , la discussion part obligatoirement sur les problèmes de gestion de personnel au bout de 2' . J'ai tenu un hôtel restaurant pendant 26 ans en station ( moyenne de 35 salariés ) . C'est un livre de 1000 pages que je pourrai écrire ... Je viens de racheter un hôtel sans restaurant en centre ville d'une grosse agglomération . Je n'ai plus qu'une seule obsession 'PLUS JAMAIS D'EMPLOYES !' . Depuis 3 ans , malgré 14 heures de travail par jour et 4 salariés à manager, j'ai l'impression d'être en vacances chaque matin . Je viens enfin de retrouver une vie sereine et équilibrée .
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Agopig KLEIN

jeudi 27 août 2015

Aujourd'hui, dans nombre de cas, être salarié est bien plus avantageux que d'être employeur.
Pour ma part, je vais baisser drastiquement mon CA pour éviter au maximum d'embaucher:
Ils demandent toujours plus de droits ? Et bien ils les demanderont au chômage, ou ailleurs mais plus chez moi.
Marre d'être une vache à lait quand on gagne moins que ses salariés.
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VALERIE JOELLE VAILLANT

jeudi 27 août 2015

Les conditions de travail et l'ambiance au sein d'une équipe sont des éléments qui peuvent contribuer à la fidélisation du personnel. Suite à une reconversion professionnelle, je suis gouvernante d'étages depuis moins d'un an, je suis parfois abasourdie devant certains comportements outranciers. Une gouvernante générale s'est ainsi permis de fracturer mon vestiaire et de jeter tous mes effets personnels qu'il contenait....Les patrons ne savent pas toujours pourquoi les employés partent du jour au lendemain. Un employé qui aime son métier et se sent bien dans son travail n'a aucune raison de se mettre au chômage.....
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Agopig KLEIN

jeudi 27 août 2015

'Se mettre' au chômage...l'expression est amusante.
C'est comme 'se mettre' en maladie...

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