À deux pas du palais des Papes, les clients sont ce jour-là originaires d'Asie. "Un article publié par un magazine à Taïwan, disait qu'en France il faut voir la tour Eiffel et manger à ma table…", s'amuse à souligner Christian Etienne. À 63 ans, le chef du restaurant qui porte son nom s'efforce d'avoir un oeil sur tout. Salué par Michelin il y a vingt-cinq ans, alors qu'il travaillait place Saint-Didier, il s'est installé à cet endroit stratégique le 21 juin 1990 et l'étoile l'a accompagné. Depuis, il reste une référence, notamment par l'utilisation de la tomate qui lui permet, pendant l'ensemble de la saison, de consacrer tout un menu à ce fruit.
Mais comme si la création en cuisine et l'animation d'une équipe de 23 salariés ne suffisaient pas, Christian Etienne a accepté, il y a quatre ans, de figurer sur la liste de Marie-Josée Roig aux élections municipales. "C'est parce que tout allait bien au restaurant, sinon il n'aurait pas été facile de dégager autant de temps à consacrer aux autres." De quoi bien occuper ses journées, d'autant plus qu'il les pimente de quelques ingrédients supplémentaires.
Un engagement pour la ville
"Ma journée débute très tôt. Tous les matins, je m'occupe des achats en commençant par le marché-gare en poursuivant par les halles et Metro. Après, en fonction de ce que j'ai pu trouver, je discute avec l'équipe. Deux jours par semaine, le mardi et le jeudi je suis présent au micro de France Bleu Vaucluse à partir de 9 h 30 pour une demi-heure de direct d'échanges et de conseils techniques. C'est passionnant et un moment très important pour moi…"
Une heure plus tard, il rejoint son bureau, en mairie. "Je suis adjoint en charge du tourisme et du rayonnement international de la ville. Je représente la société civile, c'est pour cela que je me sens plus jugé sur ma compétence que sur une 'étiquette de parti'. Je m'engage pour la ville et je remercie vraiment notre maire d'avoir choisi un professionnel du tourisme à ce poste. En effet, auparavant on trouvait des élus qui n'en étaient pas des acteurs eux-mêmes. Bien sûr ce choix a eu quelques conséquences et certains, peu nombreux, m'ont tourné le dos. Par contre mes confrères ont bien compris que j'étais là pour les aider, être à leur écoute et favoriser le développement de la ville."
Un grand projet pour l'ancienne Banque de France
Une cité des Papes qui attire les touristes par milliers, tout au long de l'année, mais qui ne veut pas non plus ronronner. Alors que la réalisation d'un Art Hôtel dans l'ancien Hôtel des Monnaies et d'un Marriott dans ce qui fut la maison d'arrêt semble prendre plus de temps que prévu, Christian Etienne a des idées en tête pour donner à sa ville de nouveaux atouts. "Alors que les ports de la Méditerranée manquent de capacité d'accueil nous pouvons nous aménager un port fluvial sur le Rhône d'une capacité de 500 anneaux. À trois heures de la mer, c'est un atout. Avant la fin du mandat j'aimerais avoir enclenché cette idée."
Un autre grand projet concerne l'ancienne Banque de France. Un monument historique situé de façon stratégique entre la place de la République et celle du Palais. "Je me suis engagé personnellement avec d'autres élus pour faire du lieu une vitrine du vin et de la gastronomie. La ville est propriétaire des murs et la volonté existe. Tout est donc réuni pour le concrétiser très vite…"
En attendant de couper le ruban tricolore inaugural, Christian Etienne poursuit ses journées au rythme d'un marathonien. "Mais entre le moment où je règle les questions administratives du restaurant et celui où je retrouve la cuisine, je m'accorde toujours une petite sieste !"
Publié par Jean BERNARD