L'Hôtellerie Restauration : Comment voyez-vous l'évolution du secteur haut de gamme, et quel effet les Jeux olympiques et paralympiques pourraient-ils avoir ?
Christophe Laure : L'avenir semble prometteur. À Paris et en France, l'offre de palaces a augmenté de près de 60 % en dix ans. On voit des signes de performance et de développement extrêmement encourageants depuis la fin de la crise sanitaire, même si la progression diminue. Les clients veulent voyager, découvrir, ils sont à la recherche d’expériences uniques et sont prêts à y consacrer un budget en conséquence.
Concernant les Jeux olympiques, la capitale n'a pas connu de boom comme Barcelone après les jeux en raison de la conjoncture mondiale et parce que Paris était déjà connue. Mais nous constatons des retombées positives à venir en 2025-2026 pour le marché nord-américain, notamment dans le segment Mice.
D'où viennent les clients du luxe et quelles sont leurs attentes ?
La clientèle nord-américaine domine, suivie des Moyen-Orientaux et des Européens (Anglais et Allemands), avec un retour du Japon et un développement de Taïwan. Nous espérons que la Chine reviendra en 2025-2026. Les attentes des clients varient selon les nationalités et les générations, mais l'hygiène, la sécurité et l'expérience sont essentielles. Dans le luxe, l'expérience vaut cinq ou six fois le prix de l'objet de luxe.
Quels défis majeurs les hôtels de luxe doivent-ils relever ?
Le premier défi, c’est la volatilité de notre industrie et la difficulté d’avoir de bonnes prévisions. On est à la merci de situations géostratégiques qui peuvent mettre à mal le secteur. Depuis 2014-2015, il n’y a pas eu une année stable. Il faut avoir une stratégie et vivre avec ça.
L'engagement RSE est aussi crucial : nous avons une responsabilité environnementale. On sait que les hôtels consomment de l’énergie, que ça peut gaspiller. Nous avons un rôle important.
Un autre défi que je vois comme un challenge : l’humain. Nous travaillons dans une industrie où l’humain est la clé. Les attentes des collaborateurs évoluent, nous devons évoluer avec eux, être préparés et être bienveillants. Nos métiers reposent sur l’authenticité.
Par ailleurs, l'intelligence artificielle entre dans nos métiers ; il faut en saisir le potentiel sans en dénaturer l'humain.
Comment manage-t-on en 2025 ?
Avec le cœur, authenticité et empathie. Notre métier est exigeant ; il faut attirer des passionnés, leur faire découvrir nos métiers, leur faire aimer ce que l’on fait, leur transmettre nos valeurs et leur offrir des perspectives d'évolution. Il faut partager la vision de nos établissements ou du groupe auquel on appartient. Il faut vendre un projet et pas seulement un job. Les jeunes ont plus d’opportunités qu’avant, il faut les faire rêver. Notre secteur offre des opportunités de carrière et de voyages nombreuses. Il faut miser dessus.
Les collaborateurs du luxe sont-ils tous issus de formations hôtelières ?
La grande majorité des collaborateurs viennent de formations hôtelières. On a de la chance en France d’avoir un programme et un cursus académique très vaste. Sur le luxe et le lifestyle, il y a une attirance pour le métier.
Quel est le rôle de la branche Umih Prestige et ses priorités ?
Umih Prestige a pour but d’offrir une voix aux hôtels de luxe en France. Pour cette mission, j’accompagne Thierry Marx et les autres membres du directoire. Nous sommes néanmoins focalisés sur une infime partie des dossiers traités par le syndicat. Nous jouons essentiellement un rôle de vitrine sur ce qui se fait de mieux au niveau de l’hôtellerie haut de gamme en France. Cette visibilité nous permet aussi de faire passer des messages plus stratégiques et nationaux sur notre image, comme la sécurité par exemple.
Parmi les dossiers prioritaires de l’Umih Prestige, nous avons le soutien à l’apprentissage et à la formation. Nous nous attachons également à ce que l’aspect sécuritaire soit irréprochable, car c’est l’image de la France qui est en jeu.
Publié par Romy CARRERE