Quel rapport y a-t-il entre la cheminée de la rôtisserie Robert et Louise, la Cerise sur la pizza - et son pizzaiolo acrobatique, Nabil -, le bar-brocante Eva Pritsky, le chef barbu du Saturne, Sven Chartier, Michel, le barman du Pixel-bar qui conçoit et baptise ses cocktails du prénom de ses clients et Cédric Casanova, qui accueille cinq convives maximum autour d'une étonnante table d'hôte installée dans son oliverie de la rue Sainte-Marthe ? Tous ont connu du jour au lendemain une affluence record. Le patron du Béguin (IXe), effaré par la soudaine ruée dans son restaurant - jusqu'alors oublié au fond d'une impasse -, a couvert de fleurs les responsables de cet étrange phénomène. Les tenanciers de ZZZ Zen, le bar à sieste du passage Choiseul (IIe), furent même contraints de mettre en place un système de réservation pour absorber une demande devenue, du jour au lendemain, pléthorique.
"Savoir de quoi nous ne parlerons pas"
L'explication tient en 130 mots : le calibrage exact de la newsletter My Little Paris, créée en 2008 par Fany Péchiodat et adressée à l'époque à une cinquantaine de copines avides de bons plans et de lieux nouveaux. Quatre ans plus tard, c'est une communauté de 700 000 internautes - essentiellement des femmes - qui reçoivent, captives, deux fois par semaine, les trouvailles des soeurs Péchiodat et de la vingtaine de collaboratrices qui les ont rejointes. "Notre style, c'est celui de la meilleure copine et pas celui des bloggeurs ou de la presse institutionnelle, explique la rédactrice en chef, Amandine, la soeur de Fany. Nous faisons dans la dentelle, tous les mots sont travaillés, le message se veut drôle et positif. Les adresses que nous recommandons sont testées. Nous payons nos additions et un bataillon de dénicheuses travaillent pour nous. Si nous lisons la presse, c'est pour savoir de quoi nous ne parlerons pas. Nos bons plans doivent être une 'expérience'. Lorsque nous choisissons un établissement, nous appelons les propriétaires avant la diffusion de la newsletter. Ce n'est pas par correction, mais juste pour qu'ils puissent être prévenus d'une très probable affluence et s'organiser en conséquence."
Cette newsletter se singularise par sa crédibilité, la brièveté du message, un démarquage certain avec les bons plans réchauffés repris habituellement de média en média et une signature graphique unique grâce aux dessins de Kanako Kuno. Même les partenaires et les annonceurs doivent fondre leur communication dans l'identité visuelle et l'éthique de My Little Paris. Si cette newsletter est si tendance et peut revendiquer 65 000 ami(e)s sur Facebook, c'est sans doute en raison de sa fraîcheur, de son émerveillement constant et de sa bienveillance.
Publié par Francois PONT