Une quarantaine d’établissements étaient représentés dans le grand amphi du lycée Albert de Mun, à Paris (VIIe). Car, cette année, c’est dans la capitale que l’Association nationale des écoles privées d’hôtellerie et de tourisme (Anephot) a tenu son 38e congrès. Conférences, débats, ateliers, ainsi qu’une trentaine d’exposants ont rythmé trois jours de rencontres et de réflexions. Le thème : “Osez le changement : vision d’avenir”. Un vaste sujet, à l’heure où le secteur de l’hospitalité peine à recruter et à fidéliser. À l’heure aussi de la mise en place de nouveaux éléments de la réforme de l’enseignement professionnel, dont les grandes lignes ont été rappelées, à l’issue du congrès, par Michel Lugnier, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche. “Ce congrès nous a permis d’explorer de nouvelles pistes pour manager nos établissements. Car le rapport au travail a changé partout, y compris dans les établissements scolaires. Nous avons également réfléchi sur d’autres façons d’enseigner, comment mettre les choses à plat pour emmener nos équipes, comment créer de nouveaux liens entre les jeunes, les lycées et les entreprises, comment travailler davantage ensemble et en réseau”, détaille Esther Milland, présidente de l’Anephot. Elle souhaite remobiliser à la fois les enseignants et les élèves. L'idée : les remettre sur la même longueur d’onde, quand les premiers s’interrogent sur ce qu’il faut changer dans la façon de transmettre et les seconds apprivoisent déjà ChatGPT.
“Les jeunes peuvent être force de proposition”
“Si le turn-over est estimé à 15,1 % en France tous secteurs d’activités confondus, il atteint 44 % en moyenne dans l’hôtellerie et la restauration, selon l’Insee”, a rappelé Gwenaëlle Grefe. Maître de conférences en comportement organisationnel à l’Esthua, au sein de l’Université d’Angers (Maine-et-Loire), elle est intervenue au congrès de l’Anephot pour expliquer notamment que la tendance actuelle à l’élargissement des recrutements, hors hôtellerie-restauration, a ses limites : “Il peut décourager ceux qui ont le savoir-faire et l’expérience.”
Quant aux jeunes diplômés ou encore ceux en apprentissage, selon l’universitaire, il serait bon de leur proposer d’accéder à des postes à responsabilités plus rapidement, “car ils peuvent être force de proposition”. Avis partagé par Esther Milland : “Nous avons des jeunes qui ont envie. Ils sont motivés, mais on ne les laisse pas suffisamment faire. On les freine et c’est dommage. Il faut leur redonner de l’ambition. Cela passe par une reconstruction de l’implication des salariés en hôtellerie-restauration.” Pour Gwenaëlle Grefe, “répondre aux candidats, organiser l’arrivée des nouveaux recrutés y compris celle des stagiaires et offrir de l’accompagnement sur le long terme”, sont autant de clés d’attractivité.
“Les métiers de l’hôtellerie et de la restauration font sens parce qu’ils relient”, dit-elle encore. Le garant de ces liens ? “C’est le manager”, aussi bien au sein d’une entreprise que dans un établissement d’enseignement. Pascal Vendé, directeur du lycée privé Jeanne Delanoue, à Cholet (Maine-et-Loire), en est convaincu : “C’est à nous, directeurs d’établissement, d’accompagner nos équipes autrement. Par exemple, en incitant formateurs et professeurs à travailler ensemble ou encore en ouvrant le dialogue lorsque nous faisons face à des demandes de télétravail.”
“Soyons imaginatifs, conclut Esther Milland, pour que l’on retrouve dans nos établissements ce qui se passe déjà dans les entreprises.”
Publié par Anne EVEILLARD