“Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de la crise dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration”, estime Dominique Lecea, directeur associé du cabinet In Extenso tourisme, culture & hôtellerie. Il évoque néanmoins “une avant-saison ratée et une saison qui se met en place de façon laborieuse”. Selon lui, en termes de taux d’occupation, le retour "à la normale" ne se fera pas avant 2021 pour la majorité des hôtels et pas avant 2023 pour les établissements de luxe. Toutefois, Dominique Lecea pointe “trois bons aspects de la crise actuelle”. Le premier : “On prend enfin conscience de l’importance du secteur du tourisme dans notre économie. Et pour maintenir une dynamique, tous les acteurs - publics et privés - de cet écosystème doivent être solidaires entre eux.” De quelle façon ? “En créant des interactions entre l’hôtellerie, la restauration et l’ensemble de la filière touristique, en vue d’une réponse collective face aux conséquences du coronavirus.” Ce qui engendre un deuxième aspect positif de la crise : à savoir “une volonté commune, dans la durée, pour impulser un processus collaboratif entre tous les acteurs du secteur touristique”. Troisième constat encourageant : la crise agit “comme un accélérateur de tendances”, souligne Dominique Lecea. Il fait état, ici, de l’intérêt croissant pour le développement durable, la transparence, la traçabilité des produits, la proximité des producteurs… “Ces trois bons aspects incitent à se remettre en question, se repositionner, se challenger. C’est aussi le moment d’avoir des idées, prendre des initiatives, innover, être dans un esprit de reconquête et d’adaptation”, poursuit l’associé du cabinet In Extenso. Une façon d’attirer de nouveaux clients et, surtout, de les fidéliser.
“Loin des foules, près des gens”
“La crise force à trouver des solutions pour continuer d’accueillir les clients tout en respectant les contraintes sanitaires”, explique Dominique Lecea. L’occasion pour les professionnels de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme de “se réinventer”. L’associé du cabinet In Extenso cite en exemple le système de ventilation mis en place, à titre expérimental, par le chef étoilé Alain Ducasse dans son restaurant Allard à Paris (VIe). Un dispositif, conçu avec médecins, designer, architecte, et grâce auquel le risque d’infection est très limité. Parallèlement, certains territoires, comme la campagne ou la montagne, regagnent de l’attrait. “La recherche d’authenticité, de terroir, de naturalité, de proximité s’étend désormais à une part croissante de la population, conclut Dominique Lecea. Loin des foules, près des gens. La carte française des destinations va bouger avec une redistribution des flux de voyageurs.”
Publié par Anne EVEILLARD