Le 14 mars dernier, l’hôtel-restaurant Relais & Châteaux La Bouitte, à Saint-Martin-de-Belleville (Savoie), fermait ses portes, en plein milieu de la saison. Il affichait complet pour plusieurs semaines. René Meilleur et son fils Maxime, avec qui il partage 3 étoiles Michelin, ont alors entrepris le grand nettoyage et quelques travaux. “On n’est pas surnommé les chefs bâtisseurs par hasard !” Mais René Meilleur a très vite été frappé par le virus. “J’avais une forte fièvre, des courbatures, des maux de tête insoutenables, un peu de toux. J’ai passé trois jours très difficiles, à dormir et boire beaucoup. L’idée de l’hôpital, de l’intubation, c’est très dur, ce virus fout la trouille, il a tué des copains.” Marie-Louise Meilleur, son épouse, a été très fatiguée mais beaucoup moins touchée que lui. Maxime Meilleur, en revanche, n’a eu aucun symptôme. “Pourtant, nous sommes tout le temps ensemble. Nous avons respecté un confinement strict, c’est le moindre des respects pour les autres.”
Aujourd’hui, René Meilleur, guéri et surtout non contagieux, s’affaire à repeindre les chambres du personnel. “Il faut bien s’occuper. J’ai été élevé avec cette phrase : ‘Si tu veux manger, il faut travailler’.”
“J’ai beaucoup d’espoir”
“Des saisonniers ont souhaité rester et nous les hébergeons. Il faut dire qu’en montagne, le confinement est plus facile qu’en ville. Nous mangeons les stocks de la Bouitte. Il y a plus malheureux !”, avoue René Meilleur avec un clin d’œil malicieux. “Aujourd’hui, je veux parler de cette maladie. Je veux dire que la grande majorité s’en sortent. Il ne faut pas avoir peur, il faut se relever et préparer l’après.”
René et Maxime Meilleur réfléchissent déjà à leur carte d’été : la cuisine des deux chefs triplement étoilés sera toujours dédiée à la montagne, aux produits d’excellence des producteurs locaux. L’ouverture de la Bouitte est toujours prévue le 13 juin. “Gérer une crise comme celle-là, je ne sais pas faire et nous n’avons aucune information sur l’après.” Le chef se pose des questions. Faut-il supprimer des tables, les éloigner ? “Nous aimerions avoir des éléments, c’est ce qui nous manque le plus. Cette crise aura du bon, car elle poussera les gens à réfléchir, à apprendre à manger local, à redécouvrir les produits du marché, les bons bouchers. Faut-il vraiment consommer du bœuf Wagyu importé du Japon ? Ou des cerises à noël ? C’est une mauvaise passe, mais on va s’en sortir. Nous serons tous différents, mais j’ai beaucoup d’espoir pour l’après. On va retrouver de vraies valeurs.”
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Publié par Fleur Tari