Dans quel esprit avez-vous remis ce document ?
Il faut sauver les entreprises mais surtout les emplois qui peuvent encore l’être. 133 100 emplois ont été détruits au 1er semestre 2020 dans notre secteur d’activité d’après les chiffres de l’INSEE. Notre Observatoire GNI I+C du 2ème trimestre constate que 48% des entreprises CHR françaises envisagent des destructions d’emploi, à raison de 2,4 emplois par établissements. Une autre enquête que nous avons menée avec l’Ahtop début septembre auprès de 1 000 hôtels nous indique que 30 000 emplois sont actuellement menacés dans l’hôtellerie, alors que 15 700 emplois ont déjà été détruits au 1er trimestre et 31 200 au 2ème trimestre…
Pensez-vous trouver une solution au problème des loyers ?
Depuis le 10 septembre, les propriétaires peuvent à nouveau faire jouer les «clauses résolutoires », c’est-à-dire faire procéder à l’expulsion des professionnels pour non-paiement des loyers. C’est une épée de Damoclès supplémentaire, même si les bailleurs ont conscience des difficultés. Nous devons absolument régler ce problème des trois mois de loyers qui sont restés à la charge des professionnels alors que les établissements étaient fermés. Les loyers représentent en moyenne 7 à 10% du chiffre d’affaires, c’est une charge importante dans notre secteur d’activité. Alain Griset nous a demandé de lui faire un état des lieux précis et chiffré pour le 15 octobre. Nous demandons aujourd’hui la prise en charge par l’Etat des loyers pour la période de fermeture obligatoire des établissements.
Les conditions de l’activité réduite vont évoluer pour les CHR, cela vous inquiète vraiment ?
Le Gouvernement doit maintenir le dispositif de l’activité réduite tel qu’il est actuellement. A partir du 1er novembre et jusqu’au 31 décembre, les conditions de prise en charge de l’allocation de chômage partiel doivent évoluer avec un reste à charge pour nos entreprises de 15%, qui vient s’ajouter aux 10% de congés pays dus sur les indemnités de chômage partiel. Je ne vois pas comment nos entreprises vont pouvoir assumer ce coût alors qu’elles peinent à retrouver de l’activité. Nous ne sommes pas dans la relance mais dans la survie. Le ministre s’est engagé à examiner avec la Ministre du Travail dans quelles conditions il était possible de maintenir le remboursement des entreprises à hauteur de 100 %. Alain Griset a également entendu notre demande de reconduction du crédit de cotisations sociales indiquant qu’elle pouvait être le cas échéant une solution soldant le délicat problème des congés payés dus sur le chômage partiel.
Votre nouveau mémorandum aborde également le délicat problème des fonds propres…
Oui, car il faut aussi préparer l’avenir en permettant aux entreprises de se restructurer financièrement. Il va falloir qu’elles puissent investir. Or, 2 entreprises CHR sur 3 affichent des fonds propres négatifs, ce qui les empêche de pouvoir négocier avec leurs banques. L’Etat doit permettre aux entreprises HCR de procéder à une revalorisation de leurs actifs et notamment de la valeur de leurs murs, de leur fonds ou de leur marque d’ici à la fin de l’année en exonération de plus-values. D’autres solutions peuvent aider, en donnant par exemple la possibilité aux entreprises de faire de l’amortissement dégressif négatif. Parmi nos propositions, nous suggérons aussi de transformer le PGE en prêt participatif, remboursable dans 10 ans ou 15 ans. Les entreprises font face un mur de dette et jamais elles ne vont pouvoir rembourser le PGE dans les délais actuellement prévus.
Publié par Sylvie SOUBES