Édito du journal n° 3358 du 5 septembre 2013 : "Une ère nouvelle"

Publié le 04 septembre 2013 à 11:21
Avec un quatrième président en moins de dix ans, le groupe Accor témoigne d'une exceptionnelle capacité de résistance tant aux soubresauts de la conjoncture et à l'évolution de l'offre hôtelière qu'aux manoeuvres inattendues des financiers qui viennent de s'installer aux commandes du fleuron national de l'hôtellerie.

Il faudra beaucoup de constance et de détermination - ses proches affirment qu'il n'en manque pas - à Sébastien Bazin pour tenir la barre dans des eaux tourmentées, tant se révéla agitée la succession de Paul Dubrule et Gérard Pélisson, les cofondateurs du groupe dont tous les habitués des enseignes du groupe, d'ibis à Sofitel, connaissent le portrait signé Harcourt.

Au-delà de la nostalgie, c'est aujourd'hui une ère nouvelle qui s'annonce pour la première société hôtelière d'Europe et l'une des premières mondiales (le classement varie selon les critères et les époques) : après la formidable aventure lancée par deux audacieux de retour d'outre-Atlantique qui partit du Novotel de Lille - Lesquin (Ah !cette enseigne en lettres gothiques qui évoquait les romans de Walter Scott) pour aboutir dès 1982 à la création du groupe Accor rassemblant des enseignes déjà connues du public, Novotel, bien sûr, mais également ibis, Mercure, Sofitel, en attendant l'arrivée de Formule 1 - low cost avant l'heure au succès vite jalousé -, c'est le développement international qui permit à Accor d'attirer les investisseurs du monde entier.

En même temps, c'était l'évolution inévitable du capitalisme d'entrepreneur qui marqua la deuxième moitié du XXe siècle à un retour vers le capitalisme de rentier si bien décrit par Balzac et analysé avec pertinence par Karl Marx, lui-même actionnaire d'un important sidérurgiste allemand (personne n'est parfait).

À l'heure de la domination des investissements financiers sur l'économie réelle, il est logique que le pouvoir soit dévolu aux détenteurs de capitaux, n'en déplaise aux nostalgiques ou aux utopistes qui rêvent d'une alternative apparemment introuvable à ce capitalisme parfois plus destructeur que créateur de valeur pour employer le langage cher aux salles de marché.
C'est pourquoi il faut souhaiter à la nouvelle direction d'Accor de réussir à relever les défis lancés à l'hôtellerie internationale par le développement des nouvelles technologies, les exigences d'une clientèle multiforme et changeante, les besoins en financement d'investissements lourds, sans oublier les attentes des franchisés ni celles des salariés. La nouvelle ère ne s'annonce vraiment pas de tout repos pour les aficionados du retour sur investissement.


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