Ironie de l'histoire, c'est à partir de 1975 que l'État a affiché un budget en déficit, sans interruption jusqu'à aujourd'hui, et probablement encore pour quelques années. Aussi faut-il s'étonner des étonnements de tous ceux qui feignent de découvrir l'état calamiteux du budget de l'État et de la protection sociale. C'est la permanence de cette notation qui pourrait laisser à songer que les agences spécialisées font preuve d'une coupable complaisance. Que dirait-on d'une équipe de foot qui serait restée en première division depuis 1975 en ayant perdu tous ses matchs ? Cherchez l'erreur…
Mais il est inutile de pleurer sur le lait renversé, et mieux vaut envisager l'avenir avec des notions économiques adaptées à la dureté des temps. Triple A ou pas (à ce propos, la France est encore notée à ce niveau d'excellence par deux agences sur les trois qui font référence), les conséquences sur l'économie réelle ne seront pas immédiatement mesurables, et la crise plus ou moins latente depuis 2008 ne se résorbera pas par des incantations d'autant plus sonores que nous sommes en campagne électorale.
Aux chefs d'entreprise de poursuivre les efforts de rationalisation qui obligent les PME comme les grandes sociétés à gérer avec une prudence renforcée la maîtrise des coûts et le financement de l'indispensable développement.
Pour la profession, il faut s'attendre inévitablement à une évolution de la demande de plus en plus exigeante face à un pouvoir d'achat soumis à rude épreuve. Les consommateurs obligés à des arbitrages renonceront à toute dépense jugée superflue ou excessive. Le renchérissement prévisible du loyer de l'argent n'incitera pas non plus à un comportement de cigale tant reproché à des pays proches de l'Hexagone.
Et si l'affaiblissement de l'euro sur le marché des changes renforcera l'attractivité touristique de la France hors de la zone euro, il entraîne également des hausses de coût importantes et ressenties négativement comme celles du carburant. Relativiser, certes, mais avec réalisme.
Publié par L. H.