“L’année 2024 sera un bon cru pour le tourisme, sans plus”, affirme Stéphane Botz, directeur France et associé Hospitality de KPMG, lors de la présentation de la vaste enquête annuelle portant sur l’Industrie hôtelière française. Alors que les prédictions promettaient simultanément une année record pour le tourisme et, a contrario, la fuite des voyageurs vers d’autres destinations en raison des Jeux olympiques de Paris, l’hôtellerie française montre sa résilience et maintient les bons résultats enregistrés l’année dernière.
Au premier semestre, le nombre de nuitées est en baisse de 2,2 % par rapport à 2023 mais les premiers résultats enregistrés pour septembre sont positifs, signe d’un rattrapage post-JO. “Les perspectives de fréquentation pour l’arrière-saison s’annoncent prometteuses”, avance même Stéphane Botz. Si l’activité en 2024 est portée par la clientèle internationale dans le haut de gamme, les nuitées domestiques représentent toujours deux tiers de la fréquentation en France, qui se répartissent sur l’ensemble du territoire.
• Des investisseurs au rendez-vous
Avec un parc hôtelier totalisant 16 722 établissements (soit 656 965 chambres), la capacité du secteur reste stable depuis une dizaine d’années, tout en montant en gamme. À l’horizon 2027, plus de 80 hôtels (9 000 chambres) sont en projet, dont un tiers correspondent à des rénovations. Ces projets concernent particulièrement les grandes métropoles régionales : Lille, Bordeaux, Nice, mais également Lyon et Aix-Marseille. Le télétravail et l’essor du bleisure semblent porter cette tendance.
Malgré un contexte économique, financier et géopolitique perturbé, les investisseurs sont nombreux à montrer leur intérêt pour cette classe d’actifs considérée comme ‘refuge’, car les performances de l’industrie hôtelière prouvent la résilience du secteur. En 2023, les RevPAR ont progressé de 2 à 12 %, selon les catégories, et les résultats nets d’exploitation sont majoritairement en progression, sauf dans les hôtels 5 étoiles supérieur (- 4,1 %) et économiques (- 1,4 %).
L’hôtellerie représente aujourd’hui 25 % des investissements en immobilier commercial, estime KPMG, avec un marché parisien qui a tiré le volume de transactions vers le haut en 2024 (notamment les cessions du Hilton Opéra, du Pulllman Tour Eiffel, du Mandarin Oriental ou encore du Dame des Arts).
• Bien-être et séminaires au vert : les tendances fortes
Après la tendance du ‘revenge travel’ de 2022 et 2023, le bien-être est l’une des tendances fortes pour l’hôtellerie en 2024, annonce également l’enquête annuelle de KPMG. Cette tendance se décline en ‘médi-spa’ hôteliers, établissements associant infrastructures de remise en forme et équipements médicaux, mais aussi en spas associés à une marque cosmétique qui proposent une expérience différenciante, en salles de sport haut de gamme ou encore en hôtels proposant des séjours de retraite ou de détox. Des propositions destinées à une clientèle aisée, capable d’investir pour une expérience bien-être haut de gamme.
Le marché des séminaires continue à se redresser, porté entre autres par une offre de séminaires résidentiels au vert, dans des hôtels en majorité 3 et 4 étoiles situés en dehors des centres urbains. Elle regroupe des établissements qui sont montés en gamme ces dernières années, mais aussi de nouveaux acteurs proposant parfois des formats d’hébergements insolites, permettant de diversifier les expériences et d’accueillir également une clientèle loisirs, afin d’optimiser la rentabilité.
Enfin, les résidences de tourisme poursuivent leur expansion sur le marché français, et l’hôtellerie économique s’empare du format lifestyle, avec des hostels (auberges de jeunesse) qui se réinventent depuis une dizaine d’années. Ils affichent un taux d’occupation moyen de 83 % en 2023 à Paris, et 73 % en région, et plus de 2 200 lits sont attendus d’ici à 2028, participant – aussi - au renouveau de l’offre hôtelière française.
Publié par Roselyne DOUILLET