Où ? Le nouveau restaurant de Yannick Alléno a ouvert en mars dans une des ailes du palais de la Mutualité, fraîchement rénové. Loin de l'ambiance de palace de sa table 'meuricienne', le chef aux trois étoiles Michelin a choisi de décliner une nouvelle fois sa vision de 'gastro-terroiriste' – mouvement "locavore" - dans un format de bistrot moderne : Terroir parisien (Paris, Ve).
Les points forts de la carte |
• Support de carte original • Vins classés par tranche de prix • Plats faisant référence au concept : le terroir parisien |
La carte |
• Choix du support
Le support de la carte du restaurant a été travaillé pour faire référence aux idées fondatrices du concept : utilisation de codes visuels distincts (plaque de rue parisienne en guise de titre, palette neutre faisant écho aux couleurs de la terre, format et présentation inspirés d'un cahier d'écolier) réussissent à évoquer, non sans une certaine élégance un brin nostalgique, la richesse du patrimoine gastronomique local. Sobriété, précision et lignes épurées caractérisent la mise en page de cette carte, composée d'un encart cartonné au toucher soyeux et de plusieurs feuilles de papier soigneusement liées à la couverture grâce à un élastique noir discret. La carte semble conçue pour permettre un remplacement régulier des feuillets, ce qui a le double avantage de rendre plus facile son renouvellement et de maintenir une propreté permanente.
• Choix du format
Le format original et pratique - un cahier d'écolier - facilite la lecture du client. La calligraphie écolière soutient le jeu sur la nostalgie d'un passé révolu et renvoie au savoir-faire d'autrefois.
• Disposition et zones d'impact
La carte est très aérée, ordonnée et les plats sont classés de manière structurée et compréhensible facilitant ainsi le repérage pour les clients. Les mets, qui appartiennent pour la plupart au registre des grands classiques gastronomiques oubliés, font l'objet d'une appellation souvent abstraite. Ce doute planant sur la composition des plats est un moyen efficace d'appeler à une véritable interaction entre le serveur et les clients, ce qui a l'avantage d'éviter un service robotisé et impersonnel. La carte se compose de 4 pages dédiées aux plats et de 9 pages de boissons avec la part belle donnée aux vins. Ce déséquilibre en faveur d'un choix extensif de boissons alcoolisées permet également d'optimiser le chiffre d'affaires.
Les produits |
"Ma cuisine c'est comme ma ville et ma ville, c'est Paris", aime à dire Yannick Alléno, qui n'a pas voulu déroger à cette promesse pour l'élaboration de sa carte. Les mets proposés reprennent tous, sans exception, les classiques issus de la tradition culinaire de Paris et de sa région. La hiérarchisation des plats permet une lecture facile, malgré une appellation abstraite pour certains d'entre eux tirant leur origine du passé (Billy-by au safran du gâtinais, Matelote 'Bougival', Pièce de boeuf français sauce Bercy…). La carte des plats est relativement courte, ce qui laisse supposer un renouvellement régulier.
Les prix |
On notera l'absence volontaire de formules au déjeuner comme au dîner. Cette démarche élitiste contraste avec d'autres aspects de la politique de tarification. Par exemple, les vins - classés par tranche de prix - vont de 2,90 € le verre de chardonnay ou de côte de blaye, à 1 450 € la bouteille &de Château Cheval blanc issue de la cave privée de Yannick Alléno, en passant par plusieurs catégories de bouteilles facturées à 17 €, 24 €, 34 €, 52 € et 69 €. La gamme de prix est donc très large : une telle stratégie peut aisément prêter à confusion pour le client, voire susciter de la méfiance, et nuire à la fréquentation.
Mais le nom Alléno suffit à rassurer la clientèle et à contrecarrer les effets négatifs que pourraient avoir une telle politique tarifaire sur la perception client.
Publié par Par Hélène Binet, Joanna Gell et Bernard Boutboul (cabinet Gira Conseil)