Faut-il avoir peur de l'uberisation ?

Après l'hôtellerie, c'est au tour de la restauration d'affronter cette tendance. Que craindre ? Comment réagir ? Deux experts, Grégoire Leclercq et Bernard Boutboul, se penchent sur la question.

Publié le 13 janvier 2016 à 13:04


Ubereats, Deliveroo, Foodora, Mycuistot, Vizeat, Super marmite… Les nouveaux acteurs pleuvent sur le marché de la restauration, inquiétant les représentants traditionnels du secteur. "Uber allie du numérique, des indépendants et une expérience de consommation différente. Par extension, l'uberisation concerne les plateformes ou modèles qui, en s'appuyant sur du numérique, touchent les particuliers entre eux (C to C), ou font appel à des indépendants", explique Grégoire Leclercq, cofondateur de l'Observatoire de l'uberisation. Autrement dit, "c'est tout ce qui court-circuite nos habitudes et nos modes traditionnels pour se nourrir. Ce n'est pas seulement Uber, mais des particuliers, des restaurants clandestins, des logisticiens comme Pages Jaunes", note Bernard Boutboul, directeur de Gira Conseil.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance. "Les Français étaient à un repas sur 7 hors de chez eux, contre 1 sur 3 en Angleterre et 1 sur 2 aux Etats-Unis. Or, nous savons de moins en moins cuisiner. La restauration hors domicile et à domicile va exploser. C'est ce qui attire des financiers sur ce marché. Nous sommes à l'aube d'un bouleversement dont on n'a même pas encore idée", estime Bernard Boutboul. De son côté, Grégoire Leclercq évoque plutôt l'évolution des attentes de consommation : "Le consommateur ne cherche pas tant un nouveau service qu'un service de qualité. Il préfère par exemple Uber, qui paraît plus qualitatif et moins cher, à des taxis qui ont la réputation de ne pas être sympathiques. C'est la même chose pour la restauration : il ne veut plus de serveurs peu aimables, de plats décevants... À cela il faut ajouter la génération Z, née après 1990, qui a le réflexe du numérique."

 

Raz-de-marée
 

L'uberisation pourrait avoir l'effet d'un raz-de-marée sur la profession. "L'écrémage va être violent. On estime que 300 000 à 1 million d'emplois vont être détruits en France sur les secteurs uberisés d'ici cinq ans. Il faut se préparer à des reconversions", prévient Grégoire Leclercq. "Un tiers des 145 000 restaurants avec service à table sont déjà en difficulté. Ce n'est pas seulement dû à la crise. C'est un  segment qui stagne alors que le consommateur avance. J'ai peur que dans le milieu de gamme, on perde un restaurant sur trois", enchérit Bernard Boutboul.

Dès lors, comment réagir ? "Cela ne sert à rien de faire du protectionnisme. On n'a pas réussi à empêcher les chambres d'hôtes. On n'évitera pas non plus l'uberisation en CHR, cela répond à une demande, poursuit-il. La restauration traditionnelle doit miser sur  l'innovation dans l'assiette, un lieu plaisant et du personnel dynamique, souriant, qui vous conseille. Elle pourrait aussi se mettre à livrer."

Grégoire Leclercq donne lui aussi quelques pistes : "Il faut focaliser sur la relation de proximité, miser sur la qualité produit et la relation client, profiter des atouts du numérique : combien de restaurants sont totalement absents du web ? [Il faut également] mutualiser les ressources entre acteurs. Par exemple, on pourrait imaginer que les restaurateurs du XVe arrondissement se fédèrent pour créer une plateforme qui fasse office d'annuaire, répertorie les cartes en ligne, organise un service de livraison… Ils auraient l'assurance de ne pas être concurrencés sur ce créneau et de ne pas perdre la main sur leur métier."


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Publié par Violaine BRISSART



Commentaires
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sophie Bond

lundi 4 janvier 2016

ne payons plus la cfe ...
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Anonyme

lundi 4 janvier 2016

Si le numérique constitue la tendance, en revanche, rien n'empêche l'Etat de mettre de l'ordre dans ce qui est une injustice inacceptable. Tous les restaurateurs savent quelles sont les kyrielles de normes d'hygiène à respecter, la traçabilité, etc etc... qu'est ce que la profession attend pour exiger l'application des MEMES normes à tous les Uber de la restauration ? ce chiffre d'affaires est déclaré comment ?
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marcialis BRUNO

lundi 4 janvier 2016

Rien ne sert de se crisper contre Uber. On peut imaginer la mise en place d'un minimum déclaratiif pour que Uber soit connu et éventuellement contrôlé sur une base minimale (hygiène de base, service alcool...), pour qu'il déclare son CA pour payer ses impôts sur ses revenus comme tout le monde... Mais il revient aux professionnels d'adapter son offre qualitativement à la demande de sa clientèle: accueil sympa, lieu accueillant, repas avec des produits de qualité, conseils et authenticité.
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thomas AGUILHON

mardi 5 janvier 2016

Le législateur commence déjà à répondre sur certains points; un particulier peut engranger au maximum jusqu'à 5000 euros par an avec l'économie collaborative.
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Kervennal Yann

vendredi 8 janvier 2016

La restauration 'uber' ne tuera pas les vrais professionnels de la restauration qui proposent de la cuisine authentique, inventive et surtout qui arrivent à maintenir un service conviviale.
Sur à la partie législation fiscale et sociale, le problème est profond.
Néanmoins, ils ne devraient pas avoir de personnel (vous embauchez du monde quand vous invitez des amis ?).
Par contre, qui va contrôler leur CA maximum et la déclaration ? Faudra t'il faire de la délation pour que des contrôles soient effectuées si on s'aperçoit d'une dérive de certains ? Mais quelle belle société ils nous promettent...
La question se pose sur la gestion des normes d'hygiènes au sein des 'uber', comment ce se passera à la première intoxication. Si on reste dans le système médiatique actuel, le premier incident les desservira avec une telle force (voir impact sur Quick en 2012 ou Buffalo en 2002) que les clients retourneront vers la sécurité.
Au final, les crises permettent parfois de faire du ménage dans l'économie disent certains. Mais pour quelques brebis galeuses combien d'autres risquent de souffrir ?
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BERNARD CLEMENT

mercredi 20 janvier 2016

AVEC 3 VERRES JE N AI PLUS DE PERMIS DONC UBER A DE L AVENIR

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