Ubereats,
Deliveroo, Foodora, Mycuistot, Vizeat, Super marmite… Les nouveaux acteurs
pleuvent sur le marché de la restauration, inquiétant les représentants
traditionnels du secteur. "Uber allie du numérique, des indépendants et une
expérience de consommation différente. Par extension, l'uberisation concerne
les plateformes ou modèles qui, en s'appuyant sur du numérique, touchent les
particuliers entre eux (C to C), ou font appel à des indépendants",
explique Grégoire Leclercq,
cofondateur de l'Observatoire de l'uberisation. Autrement dit, "c'est tout ce qui
court-circuite nos habitudes et nos modes traditionnels pour se nourrir. Ce
n'est pas seulement Uber, mais des particuliers, des restaurants clandestins,
des logisticiens comme Pages Jaunes", note Bernard Boutboul, directeur de Gira
Conseil.
Plusieurs
facteurs peuvent expliquer cette tendance. "Les Français étaient à un repas sur 7 hors de chez
eux, contre 1 sur 3 en Angleterre et 1 sur 2 aux Etats-Unis. Or, nous savons de
moins en moins cuisiner. La restauration hors domicile et à domicile va
exploser. C'est ce qui attire des financiers sur ce marché. Nous sommes à
l'aube d'un bouleversement dont on n'a même pas encore idée",
estime Bernard Boutboul. De son côté, Grégoire Leclercq évoque plutôt
l'évolution des attentes de consommation : "Le consommateur ne cherche pas tant un nouveau
service qu'un service de qualité. Il préfère par exemple Uber, qui paraît plus
qualitatif et moins cher, à des taxis qui ont la réputation de ne pas être
sympathiques. C'est la même chose pour la restauration : il ne veut plus
de serveurs peu aimables, de plats décevants... À cela il faut ajouter la
génération Z, née après 1990, qui a le réflexe du numérique."
Raz-de-marée
L'uberisation
pourrait avoir l'effet d'un raz-de-marée sur la profession. "L'écrémage va
être violent. On estime que 300 000 à 1 million d'emplois vont être
détruits en France sur les secteurs uberisés d'ici cinq ans. Il faut se
préparer à des reconversions", prévient
Grégoire Leclercq. "Un
tiers des 145 000 restaurants avec service à table sont déjà en
difficulté. Ce n'est pas seulement dû à la crise. C'est un segment qui stagne alors que le consommateur
avance. J'ai peur que dans le milieu de gamme, on perde un restaurant sur trois",
enchérit Bernard Boutboul.
Dès
lors, comment réagir ? "Cela ne sert à rien de faire du protectionnisme. On
n'a pas réussi à empêcher les chambres d'hôtes. On n'évitera pas non plus
l'uberisation en CHR, cela répond à une demande, poursuit-il. La restauration traditionnelle doit miser
sur l'innovation dans l'assiette, un
lieu plaisant et du personnel dynamique, souriant, qui vous conseille. Elle
pourrait aussi se mettre à livrer."
Grégoire
Leclercq donne lui aussi quelques pistes : "Il faut focaliser sur la relation de proximité,
miser sur la qualité produit et la relation client, profiter des atouts du
numérique : combien de restaurants sont totalement absents du web ? [Il faut également]
mutualiser les ressources entre acteurs. Par exemple, on pourrait imaginer que
les restaurateurs du XVe arrondissement se fédèrent pour créer une
plateforme qui fasse office d'annuaire, répertorie les cartes en ligne,
organise un service de livraison… Ils auraient l'assurance de ne pas être
concurrencés sur ce créneau et de ne pas perdre la main sur leur métier."
Publié par Violaine BRISSART
lundi 4 janvier 2016
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mercredi 20 janvier 2016
lundi 4 janvier 2016