Geraldine Dobey (Mandarin Oriental, Paris) : "Le défi d'aujourd'hui, c'est de trouver l'alchimie pour travailler tous ensemble"

La nouvelle directrice du palace parisien, originaire d'Irlande, a pris les commandes de l'établissement mi 2021. Rencontre.

Publié le 20 octobre 2022 à 11:35

L'Hôtellerie Restauration : Votre prédécesseur, Philippe Lebœuf, s’est occupé de l’ouverture de l’établissement et est resté à sa tête dix ans. Comment reprenenez-vous la suite ?

Geraldine Dobey : On se base sur le travail qui a été déjà fait. Quand je suis arrivée ,c’était un hôtel ouvert depuis dix ans, qui avait déjà sa place dans Paris. C’est grâce au travail déjà réalisé. Donc on prend tout ce qui a été fait et on continue en y ajoutant notre façon de voir les choses et de faire, qui est bien évidemment différente. On ajoute nos petits plus. Quand je suis arrivée, on commençait à sortir de la période covid, donc il y avait naturellement un renouveau, un redémarrage. J’ai pu m’imposer assez naturellement car il y avait des choses nouvelles à mettre en place.  

 

Comment dirige-t-on un établissement avec ce niveau d’hôtellerie ?

On ne fait rien tout seul, on travaille avec une équipe. Le principal, c’est d’avoir une bonne équipe et de bien la gérer. C’est comme ça que je tiens une maison comme celle-ci. Nous avons la chance d’avoir des collaborateurs qui sont là depuis un moment et qui connaissent très bien la maison, les clients et les standards du Mandarin Oriental, Paris. 

 

Quelles sont les attentes de la clientèle ?

Les clients recherchent des séjours de plus en plus personnalisés, avec souvent une prise en charge du début à la fin. On ressent, surtout depuis l’après covid, qu’ils veulent profiter à fond de leur séjour. Nous remarquons également que les séjours sont un peu plus longs qu’avant et que les clients veulent plus d’espace. À côté de cela, ils sont sensibles aux questions de sécurité et le développement durable est devenu un vrai sujet.

 

Quels sont, selon-vous, les grands enjeux de demain pour l’hôtellerie parisienne ?

Nous avons un rôle à jouer de plus en plus important sur le recrutement et la transmission. Il faut être prêt à accueillir les jeunes, à les former au savoir-faire français. Nous avons besoin d’eux mais il faut les accompagner. Le secteur a connu beaucoup de départs mais je suis convaincue qu’ils vont revenir. Il y a de grands événements qui arrivent pour Paris et on doit toujours faire briller la destination. Nous avons de beaux hôtels qui ouvrent, ils sont certes des concurrents, mais c’est du neuf, cela fait de la nouveauté, cela profite au rayonnement de Paris. Le défi d’aujourd’hui, c’est de trouver le cocktail, l'alchimie pour travailler tous ensemble. Cela demande un management et un leadership plus importants qu’avant.

 

Pourquoi aimez-vous ce métier ?

Je fais ce métier depuis un bout de temps. Les années passent mais dans notre métier, le temps passe tellement vite, on ne se rend pas compte. C’est certainement pour ça que je l’aime, il y a beaucoup d’actions, c’est très varié.

 

Être une femme et travailler dans l’hôtellerie : sujet ou pas ?

… Ce n’est pas un sujet, la preuve, je suis maman et j’arrive à le faire. Nous avons besoin de montrer aux jeunes femmes qui arrivent que c’est possible. Je le vois dans toutes mes équipes, la diversité, le mélange, c’est là où on obtient le meilleur. Dans le comité de direction au sein du Mandarin Oriental, Paris, la parité s’est faite naturellement et il y a une vraie dynamique. Ce n’est pas d’être hommes ou femme mais c’est le fait d’être différent, d’avoir des parcours différents, des âges différents… qui va créer la dynamique. Mais c’est vrai que l’on a besoin de faire plus pour monter au niveau de la direction générale par rapport aux hommes. Les métiers du secteur de l’hôtellerie-restauration sont très prenants, mais ce n’est pas juste pour les femmes, ça l’est aussi pour les hommes. Il faut qu’on rende ce secteur attractif pour tout le monde, notamment les femmes.

 

Comment est-ce que l’on recrute en 2022 ?

On s’ouvre. Aujourd’hui, ce que l’on recherche avant tout c’est l’attitude, la personnalité et l’envie de faire ce métier. La technique cela s'apprend. 

 

En 2019, lorsque vous étiez au Fouquets, vous avez été élu manager de l’année par MKG. Quelle manager êtes-vous ?

J’ai reçu ce prix dans un contexte de gestion des équipes après les gilets jaunes. Je pense qu’il faut un partage avec les équipes, on doit travailler ensemble. Il faut insuffler un changement et accompagner différemment nos équipes aujourd’hui. Il faut un vrai esprit d’équipe pour faire ce que nous avons à faire, pour répondre aux exigences des clients. On a besoin de prendre soin de nos collègues pour qu’ensuite ils prennent soin de nos clients. Il faut travailler tous ensemble pour s’améliorer.

 

Comment les nouveaux recrutés sont-ils accueillis ?  

Nous avons un programme avec des journées d’intégration. Il y a plusieurs étapes durant les trois premiers mois. C’est important que les collègues se sentent comme dans une famille. On a besoin d’être épanoui au travail. Même les journées sont bien remplies, il faut que le lieu de travail soit un lieu rassurant pour nos collègues. Nous avons augmenté le nombre d’apprentis et de stagiaires. Il y a des jeunes qui arrivent et qui ont envie de travailler dans le secteur, qui ont à cœur de montrer que leur travail est bien fait. Nous avons également une politique de valorisation des talents, axée pour beaucoup sur les compétences dans le leadership.

 

mandarin oriental #GéraldineDobey#


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Publié par Romy CARRERE



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