Non, ce n'est pas une blague et pas non plus un poisson d'avril… Pas plus qu'un nouveau commissariat, d'ailleurs… En ouvrant le 1er avril en plein coeur de Gerland, Frédéric Dorkel a voulu "aller jusqu'au bout". C'est-à-dire faire de cette ouverture plutôt insolite un "vrai faux poisson d'avril". Le concept, né à Cannes, puis répété à Mulhouse et bientôt Nîmes, a fait l'unanimité ce premier jour, malgré des prix un peu élevés (jusqu'à 16 € le poulet fermier provenant d'un élevage labellisé). "C'était la folie… En écoulant 70 poulets en une seule journée, on a fait le triple de ce qui était prévu", raconte le nouveau franchisé tout en rappelant au passage l'origine du mot 'poulet' pour désigner la police, qui n'a rien de péjoratif : "Au début des années 1900, il y avait un célèbre marché aux poulets à Paris sur un terrain vague. Un jour, il a été supprimé au profit d'un grand commissariat, le Quai des Orfèvres. Pour plaisanter, les gens ont dit 'Ce sont les nouveaux poulets !' "
Quant à la Maison Poulaga Rôtisserie Nationale, son inventeur, Sébastien Constance, est lyonnais. Lui et Frédéric Dorkel se connaissent depuis des années. Au chômage après avoir été banquier puis commercial, Frédéric a aussitôt été séduit par l'aventure 'poulaga'. "Certains policiers ont de l'humour", sourit-il. D'autres, beaucoup moins. Il faut dire que, même si la signalétique du lieu (couleurs inversées, rouge-blanc-bleu, grilles tarifaires sous forme de fausses contraventions, décor inspiré d'une cellule de garde-à-vue) ne prête pas vraiment à confusion, la dérision saute aux yeux. Et à ceux de Jean-Paul Borrelly, secrétaire régional du syndicat de police Alliance à Lyon, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une "banalisation inacceptable des services de police sur le théâtre de la bouffe". Et à ceux qui lui reprocheraient un manque d'humour, il répond tout net, rappelant les drames qui touchent la police : "Je suis un poulet, mais je n'ai pas à avoir d'humour à ce sujet." Quant à Frédéric Dard, qui avait baptisé l'un de ses romans 'Maison Poulaga', il aurait certainement apprécié la reprise de sa formule…
Publié par Sonia DELZONGLE