Jean-Claude Delion : l'hôtelier qui réveille les belles endormies

Paris (75) L'entrepreneur, venu du secteur du bâtiment, a acheté son premier hôtel en 1975 aux Deux-Alpes. Depuis, il a notamment acquis La Réserve de Beaulieu et revendu La Pinède de Saint-Tropez à Bernard Arnault. Hôtelier, il est aussi fin gourmet. Rencontre avec un passionné, que la crise sanitaire a fait réfléchir.

Publié le 23 septembre 2021 à 17:05

Je suis devenu hôtelier parce que j’aime la relation avec les clients.” Aujourd’hui encore, Jean-Claude Delion fait le tour des tables des restaurants de ses hôtels, lorsqu’il y prend ses repas avec son épouse, Nicole. “C’est un métier de passion et cette passion est restée intacte, comme au premier jour”, confie-t-il. Ce premier jour, c’était en 1975. Fils de mineur de Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme), Jean-Claude Delion a d’abord fait son apprentissage dans le bâtiment, où il a touché à tout, de la peinture à la maçonnerie, avant de créer sa propre entreprise de construction à l’âge de 23 ans. “Je travaillais dur, sept jours sur sept, dans un secteur où personne n’avait envie de faire carrière, se souvient-il. Au milieu des années 1970, il se retrouve à la tête de 150 salariés et d’une entreprise plus que florissante. En vacances aux Deux-Alpes (Isère) avec sa femme, il a un coup de cœur pour l’hôtel L’Orée des pistes. Il l'achète. Pendant quelques temps, il va réussir à mener de front ses deux activités. Mais, petit à petit, c’est le métier d’hôtelier qui prend le pas. Il cède alors son entreprise de bâtiment à deux de ses salariés. Puis il revend L’Orée des pistes à la Caisse des dépôts, avant de faire l’acquisition de La Pinède à Saint-Tropez (Var) : “À l’époque, c’était un hôtel aux allures de pension.” Nous sommes en 1985, Jean-Claude Delion a 39 ans.

De l’hôtel où il s’est marié, il a fait "un beau relais de campagne"

Travaux, rénovation, repositionnement : La Pinède devient l’une des adresses tropéziennes les plus en vue et la seule avec une plage privée. Au début des années 2000, Jean-Claude Delion demande conseil à son ami Alain Ducasse pour recruter une pointure en cuisine. Le chef étoilé recommande Arnaud Donckele, car ce Normand aime travailler les saveurs provençales et les produits de la mer. Résultat : en une dizaine d’années, il décroche une, deux, puis trois étoiles (en 2013) au guide Michelin. Une fidélité à laquelle Jean-Claude Delion est sensible. Parallèlement, en 1997, le couple d’Auvergnats reprend La Réserve de Beaulieu, à Beaulieu-sur-mer (Alpes-Maritimes), une grande villa d’inspiration florentine qui surplombe la mer, avec terrasses et jardins. Une fois encore, il faut rénover et redynamiser. Une résidence voit même le jour en face de La Réserve, telle une annexe, avec 22 appartements. Puis, en 2016, La Pinède est vendue à Bernard Arnault, qui en fera le premier hôtel Cheval Blanc. Une cession qui permet aux Delion de racheter le Château Saint-Jean, hôtel-restaurant alors à l’abandon, à Montluçon (Allier). Ils tiennent à cette adresse, car ils s’y sont mariés. “Aujourd’hui, c’est un beau relais de campagne”, résume Jean-Claude Delion. Un relais doté d’une table étoilée, installée dans la chapelle où le couple s’est dit oui.

La métamorphose du lieu a été réalisée par le designer Patrick Jouin, avec Olivier Valade désormais aux fourneaux, un chef passé par les cuisines de Matignon, puis chez Bernard LoiseauHélène Darroze ou encore Le Divellec. Pour l’heure, La Réserve de Beaulieu sort d’un an de travaux d’embellissement et d’aménagements pour faciliter le quotidien des équipes. Il reste une dernière phase, qui sera bouclée en mars 2022. Attentif au bien-être des 170 salariés répartis sur ses trois maisons, Jean-Claude Delion se veut lucide : “Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire. Alors je reste à l’écoute de tous.” Il parle de “management par l’humain”. “Sans doute parce que mon père était très, voire trop, dur avec moi.”

 

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Publié par Anne EVEILLARD



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