Depuis 2016, les hôtels de l’enseigne Zoku, désormais à Amsterdam, Copenhague, Vienne et en mars 2023 à Paris, proposent une kitchenette dans chacune de leurs chambres. L’idée : pouvoir utiliser celles-ci tout au long de la journée. Idéal, donc, pour récupérer d’un jet lag, préserver un cocon familial à l’heure des repas ou encore télétravailler sans sauter le déjeuner. Un parti pris qui fait, peu à peu, gagne toutes les catégories hôtelières, à commencer par l’hôtellerie de luxe. À titre d’exemple, les suites-appartements de Cour des Vosges à Paris (IVe) disposent d’une kitchenette - avec four, plaques de cuisson, lave-vaisselle… - dissimulée derrière des portes sombres aux réchampis dorés. Même scénario à l’hôtel La Bergerie à Morzine (Haute-Savoie) ou encore au Cardinal à Bordeaux (Gironde), dont les plus grandes suites sont dotées d’une cuisine équipée. Ces choix font écho au succès des repas servis en chambre durant les périodes de confinement. Ils répondent aussi à un besoin d’autonomie des actifs sans bureau fixe, qui ont récemment quitté les grandes villes et recherchent un pied-à-terre pour quelques jours par mois seulement.
Le voyageur d’aujourd’hui est en quête d’autonomie
L’architecte d’intérieur et designer Laurent Maugoust compare la chambre d’hôtel actuelle à “un prolongement de chez soi, avec des espaces que l’on s’approprie”. Même si la convivialité et l’esprit festif d’un bar ou d’un rooftop incitent à quitter sa chambre, il n’en demeure pas moins que le voyageur d’aujourd’hui veut aussi se sentir libre, autonome, en particulier à l’heure des repas. La preuve : on ne compte plus les hôteliers confrontés à la venue de livreurs de burgers, pizzas ou petits plats, pour rassasier certains de leurs clients directement en chambre. Car le minibar a vécu. À l’heure des économies d’énergie et de la chasse au plastique comme à celle des contenants à usage unique, les barres chocolatées, bouteilles d’eau, canettes et mignonettes n’ont plus la cote. Certes, les machines à café, bouilloires et plateaux de courtoisie se généralisent, mais ils ne permettent de combler ni un petit creux, ni une grosse faim. “Comme il existe des chambres avec vue, on pourrait imaginer une typologie de chambre avec kitchenette”, explique Yann Martin, cofondateur de l’agence Cut architectures. À une nuance près, précise l’architecte : “La chambre capable d’accueillir des plaques de cuisson, un évier, de la vaisselle ou encore plan de travail, doit faire au minimum 18 m2.” C’est d’ailleurs la superficie d’entrée de gamme des 14 chambres, chacune avec kitchenette, de l’hôtel Deskopolitan House, à Paris (XIe). Cet établissement, situé au cœur d’un espace de coworking de 6 000 m2, avec restaurant et salle de sport, donne le ton d’une autre façon de recevoir le télétravailleur nomade. Ici, à deux pas de la place de la Nation, les chambres prennent des allures de studios XXL. De quoi concurrencer un appart’hotel, voire Airbnb.
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Publié par Anne EVEILLARD