Après trois ans de lourds travaux pour un investissement de 10M€, l’hôtel strasbourgeois Maison Rouge affiche un nouveau visage. Ancien établissement familial racheté par le groupe Olétis en 2017, il est devenu fin 2020 le premier en Alsace à intégrer le réseau Marriott Autograph Collection. “Nous voulions en faire un 5 étoiles pour l’affilier à un grand groupe et bénéficier de son réseau, souligne son directeur, Godefroid Gillis. Et il y a peu d’offre à Strasbourg dans ce domaine.”
Situé en plein centre-ville, à quelques pas de la célèbre place Kléber et avec une vue imprenable sur la cathédrale, le Maison Rouge a rouvert ses portes en mai dernier. Mais malgré ses atouts touristiques, son activité est en berne. “Le Covid a rebattu les cartes. Paradoxalement, cela nous a aidés pour les périodes de gros chantier qui nécessitaient la fermeture complète de l’hôtel. Mais depuis l’ouverture, ça redémarre vraiment doucement. Strasbourg est sinistrée en matière d’hôtellerie.” En cause, les touristes américains et asiatiques, habituellement férus de la région, qui n’ont pas encore fait leur retour ; un Parlement européen vide de députés ; ou encore le célèbre marché de Noël qui, pour diverses raisons, a été boudé ces dernières années. “On a hâte que les restrictions liées aux voyages soient levées. Je suis optimiste de nature, donc j’ai envie d’y croire. Et étant donné ce qu’on a traversé, ça ne peut aller que mieux !”
L’enjeu, pour Godefroid Gillis, est également de redonner à l’hôtel Maison Rouge sa place dans le cœur des Strasbourgeois. “Il faut qu’ils se réapproprient le lieu, qui leur était, à une époque, fermé. Il leur appartient.” Comme il appartient à l’histoire de la ville, à laquelle il est lié depuis le Moyen-Âge. “La première mention du nom Maison Rouge date de 1387. À l’époque, c’était une auberge”, raconte le directeur.
Annexe de ce qui fut transformé en palace au début du XXe siècle, l’actuel hôtel Maison Rouge conserve encore quelques vestiges - vitraux, références historiques, gravures ou photos - de ces années prestigieuses. Et des signatures de ses plus illustres visiteurs, de Victor Hugo à Churchill en passant par Gutenberg, Yves Montand ou... Mistinguett, hôte si fidèle de la maison que le salon de thé, où l’on mange à toute heure et où l’on brunche le dimanche, lui est dédié.
Sur ses six étages, l’hôtel - repensé par les agences Laurent et Laurence et l’Atelier Mäco - compte désormais 131 chambres, un spa-fitness et un restaurant estampillé 1387, où opère l’alchimie entre le chef Jonathan Rauch et le barman-mixologue César Debus. “C’est un hôtel au cœur de la ville, qui a une véritable histoire. Il faut la remettre en marche”, s’enthousiasme Godefroid Gillis.
Publié par Sophie DUNGLER