L’organisation professionnelle travaille actuellement à un plan sur l’emploi, qu’elle présentera dans un mois à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, mais aussi au secrétaire d’Etat, Jean-Baptiste Lemoyne. Ce dernier était avec les professionnels à Saint-Etienne, ce mardi 4 décembre.
L’essentiel du discours du président confédéral de l’Umih, Roland Héguy
Le constat :
Les difficultés d’embauche dans l’hôtellerie et la restauration ont pris une ampleur considérable. Au moins 100 000 postes restent non pourvus. Nous étions habitués à une situation en tension. Mais jamais le manque de main-d’œuvre n’a atteint un tel niveau.
Tous dans cette salle, sont concernés par cette pénurie. Tous ont refusé des clients parce qu’ils n’avaient pas assez de personnel pour assurer le service durant la saison. Nos entreprises ont dû réduire leurs horaires d’ouverture faute d’effectifs.
Double enjeu :
Cette crise du recrutement révèle un double enjeu. L’enjeu à court terme, c’est de sortir nos entreprises de la sous-exploitation pour cause de manque de personnel. Et sur le long terme, l’inquiétude est encore plus grande. A qui, demain, transmettre nos métiers et nos entreprises ? L’avenir de notre profession se joue maintenant. Nous devons faire entrer plus de jeunes ou de personnes en reconversion dans nos filières de formation. Et surtout, nous devons faire en sorte qu’une fois diplômés, ils restent dans nos métiers.
Deux tiers des jeunes passés par les lycées hôteliers et un tiers en CFA n’aboutissent pas dans la filière.
Dans le passé, nous avons agi principalement dans le domaine de la formation et de l’orientation. Des efforts importants ont été faits au profit des salariés, comme la mutuelle, l’amélioration des rémunérations, les fériés garantis. Aujourd’hui, nous voyons la nécessité d’agir depuis l’orientation jusqu’aux conditions de travail, en passant par la formation et la mise en relation de l’offre et de la demande.
Le plan emploi de l'Umih :
C’est un plan de conquête. Il propose des mesures rapidement applicables pour obtenir des résultats rapides. Notre profession est aussi prête à une remise en cause pour que nos entreprises apportent des perspectives professionnelles plus claires à leurs salariés. Mais aussi pour nous attaquer aux contraintes propres à l’exercice de nos professions. La volonté est là mais c’est évidemment une action de long terme que nous devrons mener pour adapter nos entreprises aux évolutions de la société.
J’ai confiance, parce que si nous savons nous adapter à nos clients, nous sommes aussi capables de nous adapter à nos salariés. Cela implique bien sûr que nous repensions notre manière de manager nos équipes.
Nos métiers plaisent. Si trop de personnes renoncent à y entrer ou à y rester, c’est parce qu’ils comportent des contraintes particulières. Eh bien, ces contraintes, nous sommes décidés à les compenser au prix d’une adaptation de nos entreprises. Mais aussi de notre manière de les diriger et de conduire les hommes en les associant davantage à la vie de l’entreprise.
Il est indispensable de fixer un cadre permettant de rendre nos emplois plus attractifs. Chacun doit comprendre que c’est une question vitale pour l’avenir de nos entreprises et de nos métiers.
Des entreprises écrasées par la fiscalité :
Mais les entreprises, elles ont aussi besoin de respirer pour accomplir ce rôle social. Elles ne peuvent supporter indéfiniment d’être écrasées par la fiscalité, les charges sociales et les nouvelles normes.
Est-ce à nos entreprises de supporter une taxe additionnelle à la taxe de séjour en Ile-de-France pour financer les travaux du Grand Paris ? Ce n’est pas en amoindrissant leur compétitivité internationale qu’on valorisera le tourisme. Et nous savons bien que si la taxe additionnelle s’applique aujourd’hui en Ile-de-France, d’autres régions l’imiteront.
Le Conseil constitutionnel a censuré l’article de la loi ELAN rétablissant les pré-enseignes dérogatoires pour nos restaurants ruraux. La présence de cette signalisation est indispensable à ces petits établissements qui vivent en grande partie de la clientèle de passage. Le retrait des pré-enseignes est amer et discriminatoire envers tous ceux qui habitent une commune de moins de 10 000 habitants. C’est au moins 30 % d’activité perdue pour ces entreprises.