Si le premier trimestre 2015 était morose pour le secteur des CHR en raison des attentats du mois de janvier, la fin d'année devrait connaître des reculs équivalent voire plus importants en raison des attentats du mois de novembre. En effet, depuis le 13 novembre 2015, on note un certain nombre de reculs en termes de fréquentation dans le tourisme.
L'hôtellerie
L'hôtellerie 2 et 3 étoiles présente des baisses de taux d'occupation de 25 à 30 %, liées à l'annulation des courts séjours et week-ends dans la capitale. De même, les réservations des grandes tables et des hôtels 4 et 5 étoiles présentent 40 à 50 % d'annulations. En effet, la clientèle internationale prend peur et annule ses voyages. Les nationalités les plus en retrait depuis une semaine sont les Chinois, les Américains, les Russes et les clients provenant du Moyen‑Orient. De plus, de nombreux séminaires d'entreprises et congrès ont été reportés ou annulés, dont le fameux Congrès des Maires.
Paris étant la porte d'entrée principale de la France, il n'est pas impossible que ces tendances de fréquentation touchent progressivement le reste de la France, en termes de tourisme d'affaires et de loisirs.
De la même façon, les grands magasins ont été affectés sur la semaine qui a suivi les attentats. Les Galeries Lafayette du boulevard Haussmann enregistrent une baisse de fréquentation de – 50 % sur la semaine, tandis que le Printemps a vu sa fréquentation baisser de – 30 %.
La restauration
En ce qui concerne la restauration, les baisses de fréquentation depuis les attentats sont également importantes.
Certains établissements ouverts habituellement la nuit, dont des enseignes McDonald's, voient leur fréquentation chuter de 40 % à partir de 2 heures du matin.
La soirée consacrée au Beaujolais nouveau a connu une fréquentation moins importante de 30 % par rapport à l'année dernière. Les commandes de Beaujolais par les établissements CHR en Ile-de-France ont d'ailleurs été divisées par deux par rapport à 2014.
Néanmoins, on observe que la fréquentation le midi est moins touchée que celle du soir. La restauration avec vente au comptoir enregistre une baisse de 10 %, tandis que les cafés et restaurants avec service à table positionnés sur un segment de prix intermédiaire enregistrent une baisse de 15 %. Le service du soir est quant à lui très touché avec - 30 à – 40 % sur ces deux types d'établissements, ainsi que - 50 à – 70 % sur les établissements bistronomiques et gastronomiques.
Les Français sont sonnés, et ont la tête ailleurs. Le climat est très anxiogène et surtout peu propice aux sorties plaisir.
Hausse des livraisons à domicile
Néanmoins, on note que certains acteurs voient leur chiffre évoluer depuis ces attentats, les Français faisant le choix de sortir moins. C'est par exemple le cas pour les commerces de proximité, et ce particulièrement sur leur offre alimentaire et snacking qui enregistre des hausses d'environ 30 %. Les livreurs à domicile présentent également un chiffre d'affaires cette semaine souvent multiplié par deux ou par trois, même les soirs en semaine qui ne représentent habituellement pas des créneaux importants.
Les Français étant choqués par les évènements récents, il est probablement un peu tôt pour lancer des opérations de génération de trafic de clientèle qui n'auraient vraisemblablement que peu d'impact. Il serait judicieux et plus prudent de reporter ces actions de reconquête à partir de la mi-janvier, lorsque la confiance des ménages sera repartie à la hausse, sous l'impulsion entre autres des fêtes de fin d'année.
Publié par Bernard Boutboul, Gira Conseil