Comment poursuivre l’histoire d’un hôtel-restaurant 5 étoiles tout en préservant son âme, particulièrement attachée à la personnalité de son propriétaire, quand celui-ci disparait ? C’est la question à laquelle le personnel de La Mirande a dû répondre en juin dernier, suite au décès de Martin Stein, qui dirigeait l’établissement avignonnais acquis en 1987 par ses parents, Achim et Hannelore Stein, des Allemands passionnés d’art, d’histoire et de vieilles demeures.
“La famille Stein est très humaine et très proche du personnel, et les membres de l’équipe y sont très attachés, confie Francis Lacoste, directeur de l’établissement. Ils sont comme des parents professionnels donc nous nous retrouvons un peu orphelins.” Car l’histoire de La Mirande, situé au dos du Palais des papes, est avant tout une aventure familiale, débutée avec le rachat de cette bâtisse du XIVe siècle et minutieusement rénovée pendant trois années par les Stein, pour la transformer en hôtel-restaurant haut de gamme.
Des salariés qui connaissent bien l'établissement
L’établissement emploie – pour ses 26 chambres et son restaurant étoilé - une cinquantaine de salariés à l’année. Certains sont là depuis longtemps, parfois plus de quinze ans - “le signe d’une bonne gestion du personnel”, note Francis Lacoste, présent depuis vingt-trois ans. Ce que confirme Caroline Stein, sœur de Martin Stein, qui a repris l’établissement depuis juin avec l’épouse de celui-ci, Julia Stein : “Heureusement, il y a beaucoup de gens qui sont là depuis longtemps, qui sont imprégnés par cette maison, qui l’aiment profondément.”
Autant de “piliers” qui connaissent parfaitement l’établissement et peuvent assurer la continuité, sans cassure. “Aux postes clés, nous sommes nombreux à savoir ce qui fonctionne et comment cela fonctionne. La transition est douce pour les clients”, assure le directeur.
Une transmission en continu
“Martin Stein était un patron visionnaire, profondément humain et naturel. Il nous faisait partager sa vision, nous impliquait et nous parlait très aisément des projets, ce qui nous permettait de ne pas être surpris, poursuit le directeur. Il avait toujours le mot juste et se faisait comprendre par tout le monde. Il aimait parler de ce qui l’intéressait, et ce qui l’intéressait, c’était viscéralement la Mirande et son amélioration, à travers l’art et la gastronomie.”
Lors des funérailles de Martin Stein, la direction de la Mirande a organisé une fête d’adieu pour le personnel, actuel et passé, qui a été très bien perçue. “La famille Stein a fait un discours très marquant et rassurant, pour expliquer qu’ils continuaient l’aventure avec nous tous”, se souvient Francis Lacoste. Un e-mail a également été envoyé aux clients, afin de les informer que l’établissement restait dans la famille qui assurait la transition.
Enfin, se souvient Francis Lacoste, le décès est survenu en juin, au tout début de la saison estivale : “Le carnet de commandes était plein. On s’est retrouvé pris par le fonctionnement de l’établissement, les clients habitués ont été bienveillants.” Aujourd’hui, la transition opère, et l’âme de La Mirande reste bien vivante.
Publié par Roselyne DOUILLET