Elles auront bataillé près de deux ans, dont huit mois de grève. La vingtaine de femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, à Paris (XVIIe), ont signé le 25 mai un accord leur garantissant de meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale. La raison de leur colère était la sous-traitance de leurs tâches. Un dispositif auquel le secteur de l’hôtellerie a de plus en plus recours. Car, sur le papier, la sous-traitance cumule les avantages. À commencer par une meilleure maîtrise des coûts, ainsi que l’absence de congés à payer et d’absentéisme à gérer.
Sauf que, sur le terrain, c’est une autre histoire. À l’Ibis Batignolles, les femmes de chambre réclamaient notamment des contrats à temps plein et l’internalisation de leur prestation, et la fin du paiement à la chambre. Car les cadences étaient rudes, avec une douzaine de chambres à faire par tranche de quatre heures. Un rythme soutenu, difficile à tenir, doublé d’un plus grand risque de blessure ou d’accident du travail. Pour le syndicat CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques), externaliser le métier de femme de chambre, “c’est le déconsidérer”, commente Claude Lévy, l’un de ses représentants. Or, pour 67 % des clients d’hôtels, la propreté est “le plus important dans une chambre”, rappelle une étude du cabinet Coach Omnium.
“Pour la revalorisation des métiers pénibles”
“Les problèmes liés à la sous-traitance, c’est un combat que nous menons depuis dix ans. Nous avons déjà permis de mettre fin à cette pratique dans une quinzaine d’hôtels”, reprend Claude Lévy. Partisan de “la revalorisation des métiers pénibles”, il se félicite de la sortie de crise trouvée par la CGT-HPE, AccorInvest et STN, à qui Accor sous-traite l’entretien des chambres de l’Ibis Batignolles. “Accor reconnaît désormais notre rôle d’alerte, dès qu’il y a un risque de dérive des pratiques”, souligne Claude Lévy. Une façon d’aller d’abord à la discussion, voire la conciliation, avant la grève.
Le dialogue, c’est ce que demandent aussi une partie des salariés de l’hôtel Westin Paris Vendôme (Ier) depuis le 4 mars. Chaque jeudi, à l’appel de Yamina Bellahmer, salariée de l’hôtel estampillé Marriott et membre du comité social et économique (CSE), ils manifestent pour dire leur mécontentement face au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Celui-ci doit se solder par 168 suppressions de postes. Toutes les femmes de chambres et gouvernantes sont concernées, avec externalisation de leurs missions à la clé. La CGT-HPE soutient les manifestants. “Mais le PSE est homologué, confie Claude Lévy. La bagarre ne sera pas facile. Le conflit risque de durer.”
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Publié par Anne EVEILLARD