"Pour une fois, nous allons parler de nous, alors qu'habituellement nous parlons de nos affaires et de nos problèmes avec le personnel", annonce Claude Daumas, président de la Fédération autonome de l'industrie hôtelière (Fagiht), lors de l'ouverture du congrès annuel le 14 octobre dernier, à Besançon. Autre nouveauté cette année, à la maison de l'économie de la chambre de commerce et de l'industrie du Doubs : les ateliers se tiennent dans la même salle, à la suite, "afin de permettre à chacun de pouvoir suivre l'intégralité des échanges. Que vous soyez hôtelier, restaurateur ou cafetier, vous êtes tous concerné par ces problématiques", ajoute-t-il.
Première problématique abordée par Catherine De Bruyne, déléguée générale de la Fagiht : le statut du conjoint dans l'entreprise. En effet, jusqu'à 2005, le mari ou la femme du chef d'entreprise (le plus souvent l'épouse) travaillait aux côtés de conjoint sans avoir d'existence juridique. Depuis cette date, une loi a instauré l'obligation, pour le conjoint du chef d'entreprise qui participe de façon régulière à l'activité, de choisir un statut (conjoint collaborateur, salarié ou associé). Deuxième atelier, celui animé par Fabien Droz-Vincent, des assurances Gan, venu présenter les façons de se prémunir contre la perte d'emploi avec la garantie sociale des chefs et dirigeants d'entreprise (GSC). Alors que 50 dirigeants sur 1 000 perdent leur emploi tous les ans, ils ne peuvent pas bénéficier des allocations chômage. La GSC est un contrat d'assurance spécifique réservé aux dirigeants d'entreprise adhérant à une organisation patronale. Elle leur permet, en cas de perte involontaire de leur emploi, de bénéficier pendant un an de versement d'indemnités journalières, de prestations visant à compenser le manque à gagner pour la retraite, ainsi que de services associés leur permettant d'être accompagnés vers un nouvel emploi.
En direct avec l'île de la Réunion
Pierre Bourgeois, juge consulaire au tribunal de commerce, présente ensuite les solutions à mettre en oeuvre en cas de difficultés de l'entreprise : "Les juges du commerce sont là pour vous aider. Si 2/3 des entreprises qui passent devant les tribunaux de commerce sont déclarés en liquidation judiciaire, une raison explique ces chiffres : les chefs d'entreprise viennent trop tard. Alors un seul conseil : sachez anticiper ! Le signe avant-coureur, c'est l'état de votre trésorerie. "
Grâce à une connexion Skype, Frédéric Veyrier, représentant les hôteliers réunionnais adhérents de la Fagiht, est ensuite intervenu pour faire le point sur l'activité touristique de son île. Selon lui, la plus grosse attaque contre l'activité touristique de la Réunion n'a pas été portée par les requins, mais par les médias qui ont monté en épingle ces faits divers, ce qui a entraîné une chute de la fréquentation.
L'après-midi, Daniel Frelin, président délégué de la Fagiht et président de la Fagiht 25, ouvre les travaux de l'assemblée plénière. Il rappelle que la fédération de l'industrie hôtelière du Doubs est la plus importante organisation professionnelle du secteur en Franche-Comté. Il est suivi à la tribune par Claude Daumas qui adresse un véritable plaidoyer en faveur du secteur de l'hôtellerie-restauration à Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, venue assister au congrès. Il insiste : les CHR ont un rôle capital à jouer dans la relance de l'économie française, mais ils n'y parviendront que s'ils en ont les moyens.
Développer le titre de Maître restaurateur
Sylvia Pinel salue la création du Groupement national des indépendants (GNI), qui consacre le rapprochement de la Fagiht et du Synhorcat pour travailler sur des dossiers commun et parler d'une seule voix (lire L'Hôtellerie Restauration n° 3364 du 17 octobre2013). Elle rappelle que la France traverse, depuis 2008, une crise d'une longévité exceptionnelle, mais que le redressement des comptes publics ne doit pas se faire au détriment des entreprises. Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), qui vise à diminuer le coût du travail, représente un coût d'un milliard d'euros, dont 5 % iront au secteur des CHR. Le financement de cette mesure repose sur l'augmentation des taux de TVA, justifie la ministre.
Quant à la mise aux normes d'accessibilité des établissements pour 2015, Sylvia Pinel rappelle que le Premier ministre a décidé d'organiser deux réunions de concertation sur les délais de mise en oeuvre et sur des adaptations réglementaires. Les organisations professionnelles du secteur sont invitées à y participer. La ministre réaffirme sa volonté de voir le titre de Maître restaurateur se développer, déplorant toutefois que l'objectif des 7 500 restaurateurs labellisés n'ait pas été atteint (ils ne sont que 2 500 actuellement). Elle souhaite donc que les conditions d'accès soient simplifiées. De plus, une nouvelle plaque, qui se rapprocherait du panonceau du classement hôtelier, va être instaurée afin d'être plus lisible pour les touristes étrangers. Elle défend enfin le principe de l'inscription obligatoire du fait maison sur les cartes de restaurant, et promet : "Vous serez associés à l'élaboration du décret d'application."
Publié par Pascale CARBILLET