À force de pugnacité, Hugues et Camille Oeyen, 33 ans, ont transformé Le Manoir de Surville, une ancienne exploitation agricole, en un hôtel haut de gamme classé 4 étoiles. Le secteur n'a pas de secret pour ce couple franco-belge : ils ont tous les deux travaillé comme commerciaux au sein du grand groupe norvégien Thon Hôtels. S'installer ? Ils y pensaient depuis longtemps. "Nous voulions ouvrir des chambres d'hôtes, quelque chose d'assez petit." Finalement, le projet est beaucoup plus ambitieux : un hôtel de 11 chambres, agrémenté d'un spa de 120 m2, d'un restaurant gastronomique de 35 couverts et de quatre salles de séminaire.
Comment en sont-ils arrivés là ? "Le projet nous a dépassé", avoue Hugues Oeyen dans un sourire. Lorsque le père de Camille Oeyen lui propose de reprendre l'exploitation familiale, le couple accepte, pensant ouvrir des chambres d'hôtes dans l'un des bâtiments. Seulement les banques refusent de les suivre : "Le projet n'était pas rentable." Qu'à cela ne tienne : ils augmentent la capacité d'accueil à 11 chambres, dont deux suites, vendues entre 180 et 240 € la nuit. "Vu l'ampleur et le coût des travaux, ouvrir uniquement des chambres d'hôtes n'était pas viable. C'est pourquoi nous avons décidé d'y ajouter le spa, le restaurant et les salles de séminaire." Malgré tout, les banques ont hésité longtemps à les suivre : "Elles butaient sur le fait que ce soit une création".
"Les clients sont ici comme chez eux"
Commencés à l'automne 2013, les travaux ont duré dix-huit mois, avec quelques mauvaises surprises en cours de route. "Nous avons dû faire des travaux supplémentaires. Cela nous a fait dépasser notre budget initial de 20 %." Heureusement, ils ont pu bénéficier d'une aide de 150 000 € de la région, qui a soutenu leur projet.
Deux ans plus tard, le résultat est à la hauteur du challenge. Et les réservations commencent fort. Moins d'une semaine après l'ouverture, le Manoir comptabilisait déjà 120 nuitées réservées. Hugues et Camille Oeyen pensaient que la clientèle serait essentiellement parisienne. Finalement, pour l'instant, elle est à 90 % étrangère. Des clients qui apprécient le concept proposé : se sentir au Manoir comme chez soi.
"Nous avons veillé à ce que la décoration de chaque chambre soit unique. Au salon, les gens se servent eux-mêmes au bar. Nous n'avons pas de réception, les clients s'installent. Ils sont ici comme chez eux. Nous avons basé la relation client sur la confiance et cela fonctionne très bien pour l'instant", se réjouit Camille Oeyen. "Nous voulions casser les codes de l'hôtellerie que nous connaissions." En cuisine, tout est local. À la table du petit déjeuner, pas de jus d'orange mais du jus de pomme produit à côté. "Nous recherchons de la cuisine traditionnelle avec des produits de qualité." La preuve que le haut de gamme s'accommode très bien de chaleur et de simplicité.
Publié par Gabrielle Lemestre