Tout doit être prêt, bouclé, finalisé pour l'ouverture prévue le 19 novembre 2012. À cette date, le Radisson Blu flambant neuf de Nantes (44) accueillera ses premiers clients. L'établissement comptera 142 chambres, un restaurant, un bar et un spa. Sur le chantier, on marche sur des bâches en plastique. Les ascenseurs ne fonctionnent pas encore. Les chambres ne sont pas toutes terminées. De grandes housses recouvrent le mobilier du lobby et de la salle de restaurant. L'ambiance est studieuse. Tout juste le grésillement d'une radio, branchée sur une station musicale, dans un couloir dont on termine de peindre les plinthes.
L'architecte d'intérieur-designer Jean-Philippe Nuel amorce sa visite. "Il s'est passé cinq ans depuis la phase de concours pour la création de cet hôtel, confie-t-il. Quant aux travaux proprement dits, ils auront duré 25 mois". Un vaste chantier. Et pour cause : ce projet d'hôtel 4 étoiles a consisté à réhabiliter le bâtiment du XIXe siècle de l'ancien palais de Justice de Nantes, en mêlant tradition et modernité, en inscrivant cette opération dans une démarche HQE (Haute qualité environnementale), tout en se souciant des attentes d'une clientèle haut de gamme internationale. Un défi qui a mobilisé AXA Real Estate, Rezidor (enseigne Radisson Blu), Cogedim, DTACC, agence co-fondée par l'architecte Jacques Cholet, et l'agence de Jean-Philippe Nuel.
Une pléiade de clins d'oeil au passé
La principale subtilité de ce chantier, idéalement situé au coeur de Nantes, à deux pas du Cours des 50-Otages, est sans doute d'avoir su "métamorphoser sans tout gommer." C'est ainsi que Jean-Philippe Nuel résume l'essentiel de son travail. "Il a fallu réinvestir le lieu, conserver le patrimoine architectural, tout en abandonnant le patrimoine social. Il a fallu donner une autre identité au lieu, en adéquation avec sa nouvelle fonction, et retisser un lien entre le bâtiment et les Nantais." Pari réussi. D'immenses baies vitrées en façade ouvrent l'hôtel sur la ville et son fourmillement. Le spa de quelque 200 m2 dispose d'une entrée qui donne sur la place Aristide Briand.
Quant à la métamorphose, elle conserve en effet une pléiade de clins d'oeil au passé : l'ancienne salle des pas perdus sert désormais de lobby, avec un bar et un accès à des salles de réunion. L'ex-cour d'assises a été transformée en salle de restaurant, "pourvue d'une cave à vins perchée sur une estrade, à la place du fauteuil du président qui siégeait autrefois dans cette salle d'assises", s'amuse à rappeler Jean-Philippe Nuel. Seule grosse difficulté technique du chantier : la gestion de l'atrium, où se situe le lobby. Et pour cause : "la réglementation non feu est très contraignante dans ce type d'espace", explique l'architecte.
Une quarantaine de typologies de chambres différentes
Dans les chambres, le blanc domine. La sobriété est de mise. Toutefois, l'architecte d'intérieur-designer a dû faire preuve d'imagination pour s'adapter aux caprices du bâtiment XIXe. Résultat : "l'hôtel compte une quarantaine de typologies de chambres différentes." Autrement dit : certaines sont équipées de Velux avec vue sur les toits de Nantes, d'autres possèdent quelques marches pour accéder à l'espace dédié au couchage, d'autres encore disposent d'un long couloir qui leur donne l'allure d'un appartement. Mais toutes ont un bureau qui se prolonge en 'living aréages (pièce à vivre), un lavabo de salle de bain inspiré des éviers à l'ancienne et des rangements astucieux. Tout se manipule instinctivement. L'architecte a veillé à ce que chacun "s'approprie sa chambre rapidement".
Le chantier du Radisson Blu a donné des envies de rénovation à d'autres bâtiments de la place Aristide Briand. Dans les prochains mois, on attend la construction d'appartements de prestige, ainsi que l'ouverture d'un salon traiteur pour Vatel Gourmet. Quant au Radisson Blu, il devrait rapidement trouver sa place dans l'actualité culturelle nantaise, puisque des expositions d'art contemporain y sont prévues dès 2013.
Publié par Anne EVEILLARD