Service gagnant
• Faciliter le choix
Les précisions facilitent la vente. Le client qui n'osait pas demander ou craignait de perdre du temps osera prendre un verre. Certaines interprofessions encouragent les formules et les informations. Celle du Jura recommande par exemple l'inscription "le verre de jura conseillé avec ce plat". L'interprofession des vins de la Vallée du Rhône propose le verre gourmand. En partenariat avec Vaneau en avril, et Distriboissons en mai, les restaurateurs parisiens auront la possibilité de recevoir un kit Verre gourmand contenant idées d'accords, une ardoise où poser mets et vins, une ardoise grand format pour présenter l'offre, et des verres griffés Côtes du Rhône.
• Mettre sa région en avant
Il faut mettre en valeur sa région, proposer au moins une référence locale ou proche. "Si on est à Lyon par exemple, il faut mettre en avant le Beaujolais, la Vallée du Rhône et la Bourgogne. À Paris, il faudra penser à la Champagne et au Val de Loire", souligne Damien Gateau, professeur de sommellerie au lycée hôtelier Paul Bocuse.
• Formation des équipes et communication
"Il faut emmener les serveurs dans le vignoble", affirme Pierre-Hubert de Rougny, professeur de sommellerie au lycée hôtelier de Grenoble. Logique : on vend mieux ce que l'on connaît. Et les clients sont friands d'histoires sur le vignoble et les vignerons. Ce qui peut paraître comme une perte de temps sera, à terme, récupéré en chiffre d'affaires.
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Coefficient ou marge ?
Des fourneaux de l'étoilé Grenier à Sel où il a débuté, au métier de sommelier conseil, en passant par maître d'hôtel à la Brasserie Bocuse, et acheteur de vins pour les restaurants lyonnais Thomas, bistrot et gastro, Benjamin Poussardin possède une expertise affûtée sur les vins en restauration. Le vin au verre possède selon lui toute sa place sur une carte. C'est un atout qualitatif et qui rapporte. Mais il faut savoir l'orchestrer. "Il ne faut pas toujours raisonner en termes de coefficient", revendique-t-il. Cela fonctionne lorsque l'on pense en grands volumes, mais il est préférable de raisonner en termes de marge si le montant d'achat de la bouteille est élevé ou si l'on se place dans une perspective de qualité.
Le sommelier-conseil explique : "Une brasserie ou gastro qui veut attirer un client au pouvoir d'achat plus élevé peut proposer des pots de 46 cl. Cela représente deux verres pour deux personnes, donc le client peut ensuite reprendre le volant. Mais le verre est le bon outil pour vendre de jolis vins. Vendre un bon saint-joseph à 8 € le verre, c'est mieux qu'un pot à 10 €. De plus les clients sont rarement seuls. Et dès qu'on donne accès au vin au verre le ticket moyen augmente." À l'exemple du patron de la Charité à Lyon (35 couverts par service), qui lui a dit : "Une semaine après avoir mis en place une carte de vins au verre, mon ticket moyen est passé de 19 à 25 €. Et je réalise 150 € de plus sur les apéros le soir."
"Si le restaurateur affirme qu'il ne sait pas vendre, il faut lui conseiller de regarder dans un guide. Il y a de nombreuses informations sur les appellations et les caractéristiques des vins." Benjamin Poussardin recommande également de préciser sur la carte des vins les typicités, par exemple, pour telle syrah, annoter : 'puissant, notes de fruits noirs et de poivre'. Il encourage également un service dynamique : "Le client n'est pas là pour choisir, il faut l'orienter, lui dire par exemple : 'Aujourd'hui j'ai un corbières extra, plein de fruits, je vous le sers au verre ?" Le sommelier-conseil insiste également sur la théâtralité : par exemple faire goûter le vin, puis révéler ce que c'est dans un deuxième temps. "Parfois, le vendredi soir, j'ouvrais une côte-rôtie, j'annonçais qu'exceptionnellement j'avais ouvert une belle bouteille, et je le proposais au verre. Le chiffre d'affaires explosait. Les clients ont besoin d'un service : si on ne le leur propose pas, ils ne vont pas le réclamer. En revanche, une fois que l'on a gagné la confiance du client, on lui vend ce qu'on veut car il sait qu'il ne sera pas déçu."