Le paysage de l'hôtellerie haut de gamme en Martinique a changé durant ces dix dernières années. Si des hôtels comme Le Bakoua aux Trois-Ilets ou La Batelière à Schoelcher, ont été pendant longtemps les références, aujourd'hui, ces établissements doivent envisager une restructuration et un plan de rénovation pour retrouver le niveau atteint par d'autres hôtels, de luxe ou de charme, qui ont su dépasser les difficultés engendrées par la crise sociale de 2009. Le Cap Est Lagoon Resort and Spa, doté de 5 étoiles et seul Relais et Châteaux des Antilles, est aujourd'hui le « joyau de l'hôtellerie martiniquaise ». Situé dans un jardin tropical face à la baie du François, l'établissement compte 50 suites de luxes de 55 à 130 m2, dont certaines avec piscine privative. Pour Anthony Torkington, directeur de l'hôtel, « l'excellence n'est pas le fruit du hasard, c'est une remise en question permanente et quotidienne. » Mais cette position d'excellence, en situation de monopole, n'est pas pour autant un avantage. « Toute la difficulté pour moi est de faire venir la clientèle haut de gamme en Martinique. Si nous étions plusieurs établissements, il y aurait à terme une habitude de cette clientèle dans le choix de notre destination. Il y a un potentiel touristique très important sur l'île et un vrai marché pour le haut de gamme. » L'ouverture récente d'une ligne aérienne entre Fort-de-France et Roissy facilite désormais le transit vers la Martinique aux touristes européens, mais pour Anthony Torkington « il existe également un vrai potentiel à développer avec la clientèle américaine. Il faudrait pouvoir leur dire 'n'allez pas jusqu'en métropole, la France est ici', mais le temps de transport reste beaucoup trop long ». Selon lui, un autre axe de développement de l'économie hôtelière de l'île se trouve dans l'allongement de la haute saison touristique. « Actuellement, les très bons mois sont décembre, janvier et février, c'est très court ! Il faut arriver à doubler cette haute saison pour pérenniser l'activité économique du secteur. »
Esprit maison d'hôtes
Dans un autre esprit, la Suite Villa aux Trois-Ilets, avec ses 4 étoiles, est conçue dans l'esprit d'une maison d'hôte de caractère. Avec sa décoration résolument contemporaine, l'habitation de style colonial abrite 6 suites qui offrent une vue panoramique sur la baie de Fort-de-France. De 24 à 40 m2, chaque suite au design bien pensé et au confort soigné, dispose d'une terrasse privative avec balnéothérapie. Une prestation haut de gamme pour des prix allant de 140 € à 320 €. Par ailleurs, l'établissement dispose de 9 villas en plein pied, avec deux ou trois chambres, chacune avec terrasse ou jardin privatif avec jacuzzi. Dans une gamme de prix allant de 230 € (basse saison) à 510 € (super saison) la nuitée. Les propriétaires, Gilles et Anna Duplan et Pierre Segaud, sont très attentifs à la qualité, que ce soit dans les prestations comme dans l'accueil. « L'essentiel, c'est le détail et la régularité !». Nouveaux dans la profession, « nous nous sommes inspirés de nos voyages et de ce que nous apprécions – ou pas – en vacances. On fonctionne à l'intuition en nous mettant constamment à la place du client ». Un bon sens affûté et juste qui leur a permis d'atteindre en seulement deux années un succès mérité. Alors que pendant longtemps, le haut de gamme a été tenu par de grands établissements, le Plein Soleil, au François, est lui aussi basé sur le concept de la maison d'hôte intimiste. Rénové en 2006, l'hôtel compte 16 chambres, dont certaines suites avec piscine privative. Les Master Pool se louent entre 169 € en basse saison et 244 € en haute saison. L'essentiel de la clientèle est composé de métropolitains et de couples, plutôt aisés et habitués des hôtels de charme. Pour trouver du personnel à la hauteur des prestations proposées, le gérant, Jean-Christophe Yoyo travaille avec les lycées hôteliers de l'île et accueille des élèves en stage durant trois mois, afin d'observer, former puis éventuellement garder les meilleurs éléments.
Un taux d'occupation qui remonte
Malgré la fragilité du secteur, il apparaît néanmoins que l'hôtellerie en Martinique a retrouvé récemment une certaine dynamique. Depuis 2011, le secteur bénéficie d'une plan d'actions entrepris par le Comité Martiniquais du Tourisme qui porte ses fruits, puisque le taux d'occupation de l'hôtellerie haut de gamme est revenu à son taux de 2009, mais comme le souligne Anthony Torkington, « nous rattrapons le passé, nous n'avons pas encore retrouvé les très bons chiffres d'années comme 2006. C'est un travail sur le long terme et des investissement sur plusieurs années pour consolider le secteur et le faire évoluer ».
Publié par Marie TABACCHI