Le constat est sans appel et se confirme chaque année avec le succès croissant du ‘Dry January’ (janvier sobre) : depuis trente ans, la consommation d’alcool diminue en France. Qu’ils soient à la recherche d’une meilleure santé physique ou mentale, de performance ou encore de nouveauté gustative, les Français – et notamment les plus jeunes – se tournent de plus en plus vers des boissons contenant peu ou pas d’alcool.
Les bières et les spiritueux ont investi ce marché les premiers, avec une offre en constante amélioration. Résultat : rares sont aujourd’hui les CHR à ne pas avoir ajouté à leur carte une offre de ‘no-low’ et de mocktails, appuyés par la créativité des barmen et de leurs fournisseurs. Jusque-là en retrait, c’est désormais le monde du vin qui s’engage sur ce segment. Car si les Français boivent moins d'alcool, c'est essentiellement parce qu'ils se sont détournés du vin de consommation courante pour s’orienter vers des crus de meilleure qualité et plus onéreux.
Un bien culturel et émotionnel
Les viticulteurs ont longtemps hésité face à ce nouveau produit car le vin est – surtout en France – un bien à la fois culturel et émotionnel, empreint de fortes traditions. Pour autant, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer, convaincus par le potentiel du marché et l’amélioration des méthodes de désalcoolisation (par distillation ou osmose inverse) afin de dénaturer le moins possible les arômes.
“Les ventes ont augmenté de 20 % en 2024, et on estime qu’au premier trimestre 2025, elles auront déjà atteint le total des ventes de 2024”, affirme Stéphane Brière, président du Collectif du vin lo-low qui structure et valorise la filière. Et la progression devrait se poursuivre, car ce marché représente pour les viticulteurs “un formidable levier de croissance, notamment vers l’export, et un facteur de différenciation”.
Plusieurs approches gustatives
Si les méthodes de production sont très règlementées, fruit de notre riche héritage viticole, plusieurs approches coexistent chez les vignerons sur le plan gustatif : certains proposent des crus dont la structure se rapproche de celles des vins classiques, d’autres se tournent vers de “nouvelles expériences aromatiques, car les clients ne cherchent pas forcément à retrouver le goût du vin”, détaille Stéphane Brière.
Cette diversité est un atout en restauration car elle permet de proposer ces boissons à tous les moments du repas et de préserver ainsi la convivialité entre tous les convives. Actuellement, les effervescents sont les plus appréciés par les clients, et conviennent parfaitement à l’apéritif. Suivent ensuite les blancs et les rosés, puis les rouges, avec une structure tannique plus marquée. C’est maintenant aux restaurateurs de s’emparer de cette tendance émergente, ce qui leur permettra, en outre, d’améliorer leurs ventes de boissons.
Publié par Roselyne DOUILLET