La réouverture
« On a envie de faire revivre nos maisons, mais rouvrir, ça ne veut pas dire survivre. Ça veut dire relancer l’activité. Ouvrir dans n’importe quelle condition, à 20, 30 ou 40% de nos capacités, c’est contre-productif et pour certains, c’est un arrêt de mort. Ça ne répondra pas aux besoins économiques de nos entreprises qui, après les gilets jaunes et les mouvements sociaux, sortiront de 2, 3 ou 4 mois de fermeture totale. Avec en plus la distanciation sociale qui risque de refroidir les clients, on ne sait pas s’ils reviendront de bon cœur. »
Cotisations sociales, charges et TVA
« J’ai donc demandé de nous libérer des cotisations sociales et envisager une reprise progressive calée sur le redémarrage de nos activités jusqu’au retour à la normale. On doit commencer par redonner de la rentabilité et de la trésorerie à nos entreprises. J’ai même évoqué une piste de réflexion sur la baisse de la TVA ».
Les assurances
« On est courageux. On a envie de bosser et on n’a pas l’habitude de quémander. Après il faut que les assurances aussi soient courageuses. J’ai pris l’exemple de la Bavière où le ministre de l’Economie a mis la pression sur le groupe Allianz pour la prise en charge des pertes d’exploitation. On ne demande pas la prise en charge de la totalité, mais sachant qu’elles font de grosses économies, de l’ordre d’un milliard sur les sinistres automobiles, il faut qu’elles participent et qu’elles traitent au cas par cas avec les restaurateurs ».
Les loyers
« Les bailleurs devraient être contraints à l’abandon des loyers sur les périodes sans activité. Je sais qu’il y a des petits bailleurs et je pense que là aussi il faut des négociations au cas par cas. Le gouvernement interviendrait en cas de litiges. C’est difficile de faire des mesures générales pour une profession où il y a autant de diversité. Il y a des choses sur lesquelles l’Etat doit statuer, mais je pense qu’il doit y avoir une part de négociations que chaque restaurateur doit entamer avec son assurance et son bailleur. »
Les congés payés
« J’ai alerté aussi le gouvernement sur la question des congés payés afin qu’il nous permette de les réguler autrement. Par exemple, on nous dit, vous pouvez ouvrir en juillet. Or, chez moi, c’est en août que je les donne. Donc je ne peux pas rouvrir ou alors comment faire pour qu’ils puissent prendre leurs congés, alors que dans le même temps, le nombre de jours de congés s’alourdit avec le chômage partiel. Je ne veux pas être perçu comme quelqu’un qui veut enlever des droits aux salariés. Ce n’est pas ça. Mais pour l’entreprise, aujourd’hui, c’est un poids. On a besoin que ce soit étudié pour que ce soit correct pour tout le monde, salariés et employeurs ».
Les opérateurs de la livraison
« Il y a un autre secteur que j’ai un peu montré du doigt car on voit se développer la vente à emporter. Je crois qu’il faudrait aussi envisager de rééquilibrer les coûts et les gains entre les services de livraison des repas et les restaurateurs qui préparent les repas. Quand on voit qu’ils prennent entre 25 et 30%... «
La grande distribution
« J’ai dit pour terminer qu’il fallait une vraie solidarité entre les différents secteurs de l’alimentation. La population continue à s’alimenter et souvent dans la grande distribution qui n’a pas été impactée par le coronavirus, au contraire. Alors je pense qu’il faudrait exiger un peu de solidarité de leur part et les impliquer dans le sauvetage des restaurateurs et des secteurs associés qui dépendent de nous les maraîchers, les viticulteurs, etc. Ils doivent participer à l’écosystème ».
Michel Sarran Covid19 #restaurants# Chef
Publié par Nadine LEMOINE
mercredi 29 avril 2020