Le 29 avril 2023, Benoit Vidal, 2 étoiles au guide Michelin depuis 2015, voyait son monde s’écrouler. Installé à Val d’Isère depuis douze ans, il comptait bien racheter le fonds de commerce de son restaurant. Le propriétaire, malgré ses promesses, lui a préféré un promoteur qui lui en proposait beaucoup plus. “J’avais tout sacrifié, ma famille, mes enfants, mon garçon handicapé que je ne voyais pas beaucoup, ma santé, mon couple…” Peu habitué à la haute montagne, ce catalan originaire de Perpignan, devait aussi composer avec le climat rude, les avalanches qui coupaient la route d’accès. “J’ai été profondément blessé, je me suis senti trahi, au bout du rouleau. Ce sont mes équipes qui m’ont permis de me relever. Quand on connait l’investissement moral et humain, c’est un crève-cœur de repartir de zéro avec rien ou presque et de laisser mes 2 étoiles.” Benoit Vidal, le 23 mai, appelle le guide Michelin pour expliquer la situation. “J’ai voulu être honnête et le guide m’a écouté, c’était essentiel pour moi.” Le chef compte bien rebondir, et ne pas revivre le cauchemar de Val d’Isère, et pour cela, il faut être propriétaire.
La Maison Benoit Vidal
En juin 2023, Daniel Baratier vend son restaurant d’Annecy-le-Vieux pour partir à l’étranger. “J’ai eu un coup de foudre pour l’homme et le lieu. C’est un bel outil et je m’y sens bien, mais je ne pensais pas retrouver les étoiles.” Il lui faut tout recommencer, renouveler le matériel, rénover la salle et tout cela avec un budget personnel limité. Mais Benoit Vidal, désormais chef-propriétaire, peut compter sur la sympathie qu’il suscite. Les clients, les amis, la famille le soutiennent. Les fournisseurs lui prêtent des camions pour déménager. Le 22 novembre, c’est le premier service, une nouvelle page bourrée d’espoir. “Je ne suis plus seul, ma compagne, Marielle, est à mes côtés et m’insuffle de la créativité. Je reprends mes marques. Ce territoire m’inspire.” Le chef, résilient et bouillonnant d’idées, compte bien s’imposer dans le paysage annécien déjà très étoilé. “Je disais à mes équipes : en mars, ça passe ou ça casse.” Le 18 mars, à nouveau doublement étoilé, Benoit Vidal en larmes, très entouré, a entamé une nouvelle vie : une vie comme il la conçoit, pleine d’humanité, de belles rencontres, un ingrédient essentiel de son parcours, à la quête des étoiles.
Publié par Fleur TARI-FLON