"Cela n'a rien à voir avec de l'intérim déguisé", prévient d'emblée Alain Jacob. Le président de la société AJ Conseil, également membre de l'Association nationale des DRH, rassure quant à la signification d'une mise à disposition. "C'est un système qui permet à un employeur de prêter un ou plusieurs salariés à une autre entreprise, pendant une durée déterminée. Et ce, que ces entreprises fassent partie d'un même groupe ou qu'elle soient juridiquement indépendantes."
Sur le terrain,
rien de sorcier pour concrétiser une mise à disposition :
l'employeur qui prête son salarié reste l'employeur, mais
l'entreprise d'accueil a autorité sur ce salarié. Celui-ci est donc
intégré dans le nouvel établissement, au sein d'une nouvelle
équipe. Une pratique encadrée par la loi et qui ne coûte rien : le
nouvel employeur paye salaire et charges sociales, puis refacture le
tout à l'employeur prêteur. Il n'y a pas de rupture du contrat
de travail. "Toutefois, le salarié doit donner son feu vert,
souligne Alain Jacob. Toute mise à disposition nécessite un accord
tripartite, avec confirmation écrite du salarié."
"Une
façon d'éviter toute morosité dans son travail"
En
règle générale, les mises à disposition sont courtes dans le
temps. "Souvent moins de six mois", précise Alain Jacob. Ce qui
correspond à une ouverture d'établissement, une vague de travaux
ou encore le besoin d'un ou plusieurs profils très ciblés à un
moment précis de la vie d'un hôtel ou d'un restaurant. "C'est
motivant pour le salarié lorsque tout est bien orchestrée",
observe le
spécialiste en ressources humaines.
C'est-à-dire lorsque le salarié n'est pas pris au dépourvu ou
dépêché à la dernière minute. "S'il est préparé, il va percevoir cette mise à disposition comme un
challenge, une façon d'éviter la mororisté dans son travail",
explique Alain Jacob. Le retour dans son entreprise
d'origine n'aura rien de traumatisant, car le salarié
va récupérer son poste - voire progresser dans la hiérarchie -, ses
acquis, son ancienneté.
"La mise à disposition est une pratique
courante dans un groupe hôtelier ou une chaîne de restaurants,
conclut Alain Jacob. Elle est plus rare chez les indépendants, où
l'on se méfie davantage de ce que le salarié d'une maison amie,
mais concurrente, peut rapporter comme information une fois de retour
dans son établissement d'origine."
Publié par Anne EVEILLARD
vendredi 26 février 2016