Une expérience à l'étranger, Pierre Cornet-Vernet y songeait depuis longtemps. Lorsque, en 2010, le serial entrepreneur vend Les Jardins d'Epicure (plateaux repas gastronomiques et paniers déjeuner), il se dit que le moment est venu de découvrir de nouveaux horizons. Après un voyage au Brésil, son choix se porte sur Rio de Janeiro. Quelques mois plus tard, en décembre 2011, il ouvre Paradis, au coeur du quartier de Copacabana. "Au départ, j'avais un projet de glacier. Mais le prix du mètre carré est tellement élevé qu'il est impossible d'avoir un modèle mono-produit", remarque-t-il. Aussi décide-t-il d'élargir son offre.
Au menu : chocolats, esquimaux et macarons. Ces derniers, méconnus à Rio de Janeiro, sont déclinés en une trentaine de saveurs, classiques ou très brésiliennes : fruits amazoniens, confiture de lait, Brigadeiro (confiserie typique à base de lait condensé, chocolat et beurre), cachaça (eau-de-vie brésilienne), caipirinha (cocktail à base de cachaça, sucre et citron), ananas et menthe (aux couleurs du drapeau national)… Les esquimaux, quant à eux, sont moulés à la main. Certains prennent des allures inédites, comme ceux au Brigadeiro qui ont la forme d'une plaquette de chocolat, ou encore les macarons glacés montés sur bâtonnet. "Il faut se démarquer de la concurrence. Le chocolat et la glace sont des marchés super actifs, au même niveau que la France en termes de consommation par habitant", déclare Pierre Cornet-Vernet. Un espace ponctué de petites tables et de banquettes capitonnées permet de déguster les douceurs maison, accompagnées de Nespresso, d'une coupe de champagne ou de mousseux brésilien. Une formule qui a tout de suite séduit une clientèle hétéroclite – "mamies du quartier, jeunes, touristes…".
Un pays compliqué
Malgré ce succès immédiat, Pierre Cornet-Vernet garde les pieds sur terre. "En France, vous mettez généralement plusieurs années pour asseoir votre réputation et votre clientèle. Au Brésil, les choses marchent vite ou pas du tout. Mais vous pouvez aussi décoller très vite et vous casser tout aussi vite la figure…" Le Français découvre "l'envers de l'Eldorado". "Les reportages sur le Brésil présentent ce pays comme un Eldorado où tout a l'air facile. Pourtant, je n'ai jamais vécu une création d'entreprise aussi difficile", déclare celui qui compte près de vingt ans d'expérience entrepreneuriale. "Rien n'est organisé. Il faut plus de deux mois et demi pour avoir l'électricité, un an de délai pour installer le gaz, des autorisations administratives pour absolument tout…", déplore-t-il. Le Français s'étonne aussi de la cherté du pays : "Les prix des loyers et des fonds de commerce sont délirants : environ 11 000 € pour le loyer mensuel d'une boutique de 70 m² dans le quartier chic de Leblon. Les impôts s'élèvent à 25 % si le chiffre d'affaires dépasse un million d'euros. Et on doit tout investir en cash, car les taux d'intérêt bancaires sont à 20 %." Ce qui ne l'empêche pas de vouloir franchiser son concept et de garder le sourire : "Ici, il faut gérer les salariés à l'affectif et tout obtenir par le sourire, sans élever la voix."
Publié par Violaine BRISSART