Pourquoi cette action en justice ?
Un certain nombre de principes régissent la restauration :
licence, sécurité alimentaire, traçabilité, marche en avant, chaîne du froid,
etc. Or, aujourd'hui, nous constatons une prolifération de la restauration chez
l'habitant, en dehors de tout cadre et contrôle. Laisser des non-professionnels
proposer des repas sans le respect des règles d'hygiène et sans licences les
autorisant à servir de l'alcool est grave. Ces dîners chez l'habitant présentent des risques réels de santé et de sécurité publique, en
plus de constituer une concurrence déloyale vis-à-vis des restaurateurs
professionnels. L'enjeu de la procédure que nous engageons, c'est l'encadrement
des pratiques. Qu'il y ait une nouvelle forme de restauration, cela ne nous
dérange pas. Mais que ce soit à armes égales. Les prestations n'ont rien de collaboratif. Le
ticket moyen sur le site VizEat est de 25 euros, alors qu'il est de 17 euros
dans la restauration commerciale hors fast-food. Brian Chesky, qui est
co-fondateur d'AirBnB, a dit d'ailleurs
qu'il voyait plus de potentiel le développement dans cette activité que dans la
location.
Jusqu'où va la responsabilité des plateformes ?
Elles encouragent la pratique et sont d'une hypocrisie absolue. Nous les avons contactées pour les
alerter. Elles se réfugient derrière le statut d'hébergeur, réfutant celui d'annonceur.
Elles nous disent qu'elles sont seulement un intermédiaire et qu'elles ne sont
pas là pour contrôler. La réalité, c'est qu'elles se gavent en faisant prendre
des risques aux clients et à ceux qui s'inventent restaurateur. Mais en l'état,
il est difficile, voire impossible d'assigner
directement ces plateformes. Notre objectif est de faire reconnaître par la
justice le « trouble manifestement illicite » causé par cet exercice
clandestin de la restauration. En prouvant l'illégalité, nous pourrons ensuite nous
attaquer aux plateformes et les mettre devant leurs responsabilités.
Comment avez-vous procédé ?
Pour qu'un huissier se présente et
puisse constater, il fallait une décision de justice. Nous avons donc,
préalablement, saisi le Tribunal de commerce de Paris pour qu'il nous donne
mandat et c'est en vertu de ce mandat que nous avons pu faire constater les
infractions et elles étaient multiples comme ce pot au feu pour 8
personnes qui dort plusieurs jours au réfrigérateur ou le service d'alcool à
volonté. Une autre notion doit aussi est prise en compte : l'activité est
pratiquée dans des immeubles d'habitation, là encore sans autorisation. Nous
avons donc déposé, après constat, une plainte contre devant le Tribunal de
Commerce de Paris contre deux particuliers qui proposent des repas contre
rémunération et sans respect de la réglementation en vigueur. Un hôte a critiqué
la désignation de l'huissier mais le Tribunal a rejeté sa contestation. La
procédure va se poursuivre, cela va être long, mais nous n'avons pas l'intention
de lâcher prise.
Publié par Sylvie SOUBES
mardi 23 mai 2017