Pour connaître le point de vue des grands acteurs de la restauration commerciale, L'Hôtellerie Restauration leur a posé deux questions : quel est votre bilan de l'année écoulée en termes de taux de fréquentation, de chiffre d'affaires et de ticket moyen ? Quelles sont vos perspectives pour 2012 malgré la crise actuelle ? Leurs réponses.
Propos recueillis par H.B.
Philippe Labbé, président de Courtepaille :
• Après les baisses de prix effectuées largement par les restaurants-grills Courtepaille en juillet 2009, l'évolution des coûts de main-d'oeuvre résultant, entre autres, des suppressions d'allègements et d'exonérations de charges non prévues dans le contrat d'avenir (primes transport, fiscalisation des avantages en nature des repas offerts au personnel) nous ont conduits à des augmentations de prix que nous retrouvons dans l'évolution du ticket moyen. Celle-ci est de l'ordre de 3 % pour 2011, mais le client paie en moyenne toujours moins qu'au premier semestre 2009. Nous avons continué à capitaliser sur l'image et la notoriété de l'enseigne avec une croissance moyenne de la fréquentation de 3 % par an depuis deux ans. Il convient toutefois de souligner sans surprise un ralentissement sur le 2ème semestre 2011 avec une croissance revenue à 1%.
• La croissance du CA HT de l'enseigne est de 8,5 % sur l'année, développement compris, mais nous sommes aujourd'hui dans l'incapacité d'estimer notre volume d'affaires 2012 compte tenu d'un environnement économique, social et surtout fiscal totalement incertain. Nous allons néanmoins continuer à investir et poursuivre notre développement pour dépasser le cap des 250 restaurants grills en France, en particulier avec un accroissement de l'activité en franchise.
Jean-François Sautereau, président de Buffalo Grill :
• Le ticket moyen est resté stable sur 2011, reflétant les efforts permanents sur les offres et les prix. Avec 28 % des ventes réalisées avec un ticket moyen inférieur à 15 €, Buffalo Grill conforte son statut de restaurant thématique le plus accessible du marché. Parallèlement, le développement de l'offre premium en charolais a permis de consolider le segment des tickets moyens de plus de 25 € à 16 % des ventes. Le groupe Buffalo Grill représente désormais un CA TTC de 616 M€, dont 444 M€ TTC en propre et 172 M€ en franchises. Alors que l'année a été marquée par des fluctuations fortes, le niveau de fréquentation reste stable sur l'ensemble des 326 restaurants avec une moyenne de 270 couverts par jour. Soit plus de 31,5 millions de repas servis.
• Avec un positionnement solide qui lui permet de résister aux intempéries, le groupe Buffalo Grill poursuivra ses efforts de consolidation et de développement. L'ouverture de 4 nouveaux restaurants dans le concept Grand Ouest est confirmée. Une série de 15 restaurants rénovés est également programmée sur le réseau. Le plan de développement de nouveaux services auprès des consommateurs va se poursuivre. L'année 2012 sera une année de consolidation du positionnement du réseau dans une croissance maîtrisée, en France et à l'international.
Christophe Mauxion, directeur général du groupe La Boucherie :
• 2011 est une année positive. Nous avons néanmoins ressenti une baisse de fréquentation en août et en septembre, mais c'était déjà le cas en 2010 à la même période. Le groupe a enregistré 80 M€ de CA sous enseignes, soit une progression à périmètre constant de 2 %. Nous avons terminé l'année avec + 18 % de chiffre d'affaires. Côté fréquentation, c'est la même chose avec + 1 % à périmètre égal par rapport à 2010. Nos prix sont attractifs et nous renouvelons nos offres produits constamment. Le ticket moyen, de l'ordre de 21 €, n'a pas baissé. Avec 83 établissements, dont 72 en France métropolitaine, le groupe La Boucherie a enregistré des résultats satisfaisants pour 2011. 2012 s'annonce riche en événements. Nous avons prévu 20 ouvertures et nous allons passer le cap des 100 établissements en septembre prochain. Le nouveau concept du groupe, Bistrot Boeuf framboise, a ouvert ses portes début décembre à Angers - avec pour objectif de fédérer les restaurateurs indépendants. Nous comptons en ouvrir une demi-douzaine en licence de marque.
• Les Français aiment la viande bovine, mais il est vrai qu'ils prennent moins le temps pour la cuisiner chez eux, à la maison. Ils seront davantage susceptibles de la commander au restaurant. On entame 2012 sereinement. Je pense que tout le monde a des craintes sur le premier trimestre - dues à la crise économique actuelle -, mais on doit pourvoir s'adapter et savoir répondre le plus justement possible à la demande de [notre] clientèle.
Michel Morin, président de Léon de Bruxelles :
• L'année écoulée a été compliquée mais reste positive. Le groupe Léon de Bruxelles a réalisé 9 ouvertures l'an dernier. Fin 2011, nous enregistrions une légère croissance d'activité du CA à périmètre comparable de 3 %. En incluant le développement, nous sommes à + 12 % de CA. Les premier et deuxième trimestres ont été bons. Le mois d'août a été plus difficile avec une baisse de fréquentation ; mais c'était la même situation en 2010. Le quatrième trimestre était correct. Concernant le ticket moyen - 21 € -, il était conforme à nos prévisions. À ce jour, Léon de Bruxelles possède 66 établissements.
• 2012 ? Difficile de savoir comment cela va se passer. En ce début d'année, c'est un énorme point d'interrogation, notamment du à l'augmentation de la TVA. Qui entraînera peut-être une baisse de fréquentation dans nos établissements. Alors oui, il faut rester sur ses gardes. Pour 2012, nous avons 3 ouvertures programmées : Auxerre, Rouen et une franchise à Londres (la première en Angleterre). Nous allons poursuivre notre stratégie et ouvrir 3 à 5 restaurants par an pour mailler le territoire. Afin de passer le cap des 100 établissements en 2017/2018. Nous allons également continuer d'afficher une catégorie de prix de vente modérée.
Laurent Caraux, président d'El Rancho :
• En 2011, dans un marché difficile, El Rancho a tiré son épingle du jeu, en réalisant un volume d'affaires de 38,3 M€, en progression de 9,54 % par rapport à l'année précédente et de 5,64 % si l'on observe son évolution à surface comparable. Le ticket moyen, à 20,80 €, est en progression de 2 %. 2010 avait été fortement impactée par la Coupe du monde de football et par un mois de décembre perturbé par les intempéries neigeuses. En 2011, l'enseigne - qui possède 27 restaurants - est restée particulièrement vigilante pour offrir des prestations à des prix étudiés, constatant que, dans un environnement de crise, les consommateurs y sont particulièrement vigilants. Depuis la rentrée, nous ressentons, surtout en région, une plus grande sensibilité au prix.
• Si l'année 2012 s'annonce pleine de doutes, El Rancho compte poursuivre un développement porté par une stratégie d'ouvertures régulières, sans oublier le renouvellement par petites touches de son concept pour le plus grand plaisir de ses clients. L'année sera notamment marquée par la célébration des vingt ans de l'enseigne.