À première vue, rien ne distingue le Resto Chut d’un autre restaurant. Mais dans cet établissement bordelais, les sets de table sont imprimés de pictogrammes décrivant le cheminement d’un repas en langue des signes française (LSF), et en salle, Fanny Andrade, sourde, accueille les clients dans sa langue.
Baptiste Boucherie est à l’initiative de ce lieu unique à Bordeaux. Il a découvert la LSF il y a vingt ans auprès d’un ami sourd, et avait l’idée d’ouvrir un Café Signes. Il est finalement parti vivre en Nouvelle-Calédonie, où il a travaillé dans la restauration et la communication. À son retour, il a monté sur ses fonds propres ce restaurant pour faire découvrir la LSF. Et pour être cohérent, il a recruté un personnel sourd : Geoffroy Bernard, cuisinier, et Fanny Andrade. “C’est la première fois qu’ils travaillent dans un contexte où ils peuvent communiquer. Avant, ils étaient uniquement entourés d’entendants. Aujourd’hui, je veux qu’ils développent des compétences - prendre des responsabilités, être sur une régularité professionnelle - car jusque là, on ne leur en demandait pas tant”, souligne Baptiste Boucherie. L’établissement s’est adapté à son personnel : une imprimante en cuisine sort la commande écrite, une lumière indique que les plats sont prêts, et des flashs lumineux ont été installés en cas d’incendie.
Favoriser les échanges
La cuisine est simple - burger de merlu, filet mignon, tarte au citron... - et la formule complète à 16 €. “Le cuisinier a trouvé ses repères : nous proposerons sous peu trois choix d’entrées et de plats pour varier, car nous accueillons déjà des habitués venant des bureaux alentours”, ajoute le gérant.
Ouvert en mars, le restaurant de 50 couverts fonctionne les midis, du lundi au vendredi. Des afterworks sont organisés les jeudis et vendredis, avec bientôt des jeux basés sur la communication. “Les clients jouent le jeu et font l’effort de s’exprimer en LSF. Beaucoup découvrent notre particularité en arrivant ! Je n’ai pas voulu communiquer sur cet aspect pour éviter toute appréhension. Les sets sont un support pour créer du contact. Des ardoises facilitent aussi l’échange, et les clients s’entraident à table”, sourit- il. La clientèle compte également 20 à 30 % de personnes sourdes. À terme, Baptiste Boucherie souhaite accueillir des cuisiniers et des serveurs sourds en formation.
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Publié par Laetitia Bonnet Mundschau