Retour d'expérience : Domaines viticoles et chambres d'hôtes, l'alternative en zone agricole
Var
Pour pallier le déficit de chambres, répondre à la demande mais aussi diversifier leurs activités, de plus en plus de domaines viticoles créent des chambres d'hôtes, faute d'obtenir les autorisations pour un statut d'hôtelier.
Publié le 23 juillet 2018 à 17:44
Clos de l'Ours à Cotignac
Marie-Pierre Caille, propriétaire de Château Mentone à Saint-Antonin-du-Var
La Bastide Saint-Julien à La Celle
Avec un environnement privilégié, au beau milieu des vignes, certains exploitants viticoles du Var sont tentés par l'activité hôtelière. Mais, situés en zones agricoles (lire encadré ci-dessous), il leur est difficile, voire impossible, d'obtenir un permis de construire. Pourtant, pour compléter leur activité, pour pallier un manque de chambres dans l'arrière-pays varois et répondre à une demande, de plus en plus franchissent le pas avec un statut de chambres d'hôtes et donc l'obligation de ne pas dépasser cinq chambres.
Marie-Pierre Caille, propriétaire de Château Mentone à Saint-Antonin-du-Var (Var) a depuis plusieurs années la volonté de développer des activités parallèles à celle du vin. "Notre activité principale est celle de vigneron et nos terres ont un statut agricole, nous ne pouvons donc pas accéder au statut d'hôtelier et de restaurateur", explique-t-elle.
La ferme-auberge comme alternative au restaurant
Pourtant, la propriétaire a depuis longtemps des projets d'hôtellerie et de restauration en tête. C'est donc dans le cadre de l'oenotourisme, prôné par la chambre d'agriculture du Var, qu'elle a pu développer des activités secondaires sur son domaine en créant cinq chambres d'hôtes, le maximum autorisé par le statut, ainsi que huit gîtes, et pendant huit ans, une restauration en table d'hôtes. "L'inconvénient était de ne pouvoir ouvrir à la clientèle extérieure malgré la véritable demande. Pour y répondre, nous avons créé en 2015 une ferme-auberge qui entre dans le cadre du label Bienvenue à la ferme, avec un cahier des charges très précis."
Ainsi, si le restaurant peut désormais accueillir une clientèle extérieure et s'apparente à un restaurant traditionnel, le domaine doit produire au moins 51 % de ce qui est proposé à table et valoriser les recettes du terroir régional.
Les chambres d'hôtes faute de mieux
À La Bastide Saint-Julien à La Celle, c'est aussi le choix des chambres d'hôtes qui s'est imposé. "Il nous a fallu plusieurs années pour obtenir ne serait-ce que les permis de construire pour rénover les bâtiments. Nous avons dû scinder en deux les bâtiments pour obtenir ce permis, avec d'un côté la bastide et les chambres d'hôtes et de l'autre les hangars que nous avons transformés en salle de réception", détaille Geneviève Garrassin.
La famille Garrassin est par ailleurs propriétaire d'un hôtel et d'un restaurant étoilé, Les Gorges de Pennafort, à Callas.
Michel Brotons, propriétaire du Clos de l'ours à Cotignac, s'est aussi posé la question au moment de construire sa maison d'hôtes : "Nous avons acheté le domaine viticole en 2012 puis ouvert les chambres d'hôtes en 2014. On s'est posé la question de l'hôtellerie, mais il aurait fallu obtenir un changement du pan local d'urbanisme du fait de notre situation en zone agricole." Il a finalement opté pour un établissement à l'image de ses vins, intimiste, confidentiel mais haut de gamme et limité à cinq chambres. En revanche, le propriétaire a eu la démarche d'un hôtelier : il a fait construire ses chambres avec les mêmes normes de sécurité qu'un hôtel et s'est rapidement affilié à la marque Les Collectionneurs, pour se faire accompagner dans son nouveau métier.
Marie-Pierre Caille, elle, ne perd pas de vue ses envies d'hôtellerie et de restauration, mais c'est hors de son domaine qu'elle les réalisera. Elle travaille à la création d'un hôtel-restaurant, Le Relais de Mentone, qui prendra place en plein coeur du vlilage d'Entrecasteaux, d'ici à 2020.