Pour autant, Benjamin, Damien Piffet et leurs compagnes, qui ont désormais la pleine responsabilité de l'établissement familial, font les choses avec mesure et prudence. "C'est notre première expérience de travaux, c'est un énorme investissement qui nous engage pleinement. On veut mettre toutes les chances de notre côté pour réussir ce projet", explique Damien Piffet.
En effet, à partir d'octobre 2018, les 37 chambres de l'hôtel seront rénovées, cinq autres seront créées, ainsi qu'un espace bien-être et un bar extérieur, tandis que l'aménagement des cuisines sera entièrement revu pour dissocier le restaurant gastronomique du bistrot. Une deuxième tranche verra la transformation de la résidence hôtelière en suites ainsi que la création d'un spa de 300 m2. Un investissement total de 5,5 M€ qui a amené les frères à faire réaliser des chambres prototypes avant d'engager de grosses dépenses.
Un test grandeur nature
Durant l'hiver 2016, trois chambres ont été rénovées, un test grandeur nature que ne regrettent pas les propriétaires : "Cet essai nous a permis de valider les choix techniques, les matériaux, d'affiner le budget réel, mais aussi d'avoir les retours positifs et négatifs de chaque client, c'est très constructif."
Pour les accompagner dans cette rénovation, ils ont fait appel au designer Jean Colonna qui apporte son regard extérieur sur le projet et allie l'histoire de la maison comme fil conducteur à une décoration contemporaine.
Ainsi, les nouvelles chambres font écho au passé, avec des éléments anciens, fauteuils, carreaux de carrelage 10 × 10 cm, chauffage, le tout modernisé pour s'intégrer dans un espace clair et fonctionnel. L'ancrage local a été privilégié : meubles en châtaignier, tissus Les Olivades - le dernier imprimeur de tissus en Provence -, mais aussi des références au festival de la mode de Hyères, auquel l'hôtel est lié de longue date, avec des photos d'Olivier Amsellem aux murs.
Adapter les choix en fonction de retours concrets
Ces trois premières chambres ont permis d'éprouver leur fonctionnalité mais aussi les contraintes de mise en oeuvre, les problématiques de coût et de délais. "Nous avions prévu 30 000 € par chambre, nous avons terminé à 60 000 €. On a payé très cher ces prototypes mais ça va nous sauver pour la suite!" commentent les frères.
Ainsi, ils ont pu constater que l'utilisation hôtelière de la douche à l'italienne était problématique, que la mise en oeuvre du béton ciré au sol était exigeante et plus coûteuse que prévue, ou encore que le choix initial de rideaux à pinces n'était pas adapté. En revanche, d'autres choix pour lesquels ils étaient sceptiques ont eu de très bons retours, comme les lampes années 1950 ou la structure des lits, sans sommier mais avec de très bons matelas, qui ont séduit la clientèle.
Une rénovation pour entrer dans une nouvelle ère
L'objectif de cette rénovation est double : d'une part, monter en gamme et passer en classement 4 étoiles mais aussi ouvrir l'établissement, qui a toujours été saisonnier, à l'année. Si la maison a toujours été tournée vers l'extérieur, une vraie réflexion est menée sur l'aménagement intérieur pour pouvoir être exploité durant les quatre saisons.
Cet hiver, des prototypes pour les futures suites seront réalisés avec la même démarche. "Cela a un coût mais l'avantage est de savoir où l'on met les pieds, d'affiner le prévisionnel et surtout ne pas faire deux fois les mêmes erreurs." Un choix mesuré, qui demande du temps, mais qui devrait assurer la réussite du projet.
Publié par Marie TABACCHI