Il paraît que dès le lycée, Adrien Gloaguen avait l'âme d'un entrepreneur. En tout cas, très tôt, il a enchaîné petits jobs d'été et stages, d'abord pour voir du pays, ensuite pour observer le fonctionnement du secteur de l'hôtellerie. Le déclic ? Il l'a eu à 18 ans dans une auberge de jeunesse à Londres. "J'ai tout aimé, dit-il. De la petite équipe de moins de dix personnes à l'atmosphère qui régnait dans ce lieu, en passant par la clientèle âgée d'une vingtaine d'années." Ce sera son premier modèle d'hôtel idéal. Il va d'ailleurs réfléchir autour de ce concept dès son entrée à l'EDC, une école de commerce parisienne, tout en multipliant les expériences au sein de différents Relais & Châteaux, pour s'initier à l'hôtellerie "plus classique".
"Je m'intéressais aux établissements sur le déclin et absents du net"
À 25 ans, son diplôme en poche, il se met en quête d'un hôtel à racheter à Paris. "Je m'intéressais aux établissements sur le déclin et absents du Net." Il cherche durant un an, tout en étant veilleur de nuit et valet de chambre. Il s'arrête sur le Sophie Germain, un hôtel de 30 chambres dans le 14e arrondissement. Avec seulement 18 % d'apport, son dossier va être rejeté par six banques. Pugnace, Adrien Gloaguen va bluffer un peu, insister beaucoup et opter pour "la banque qui connaissait le mieux l'hôtellerie". Le Sophie Germain ouvre ses portes en 2007. Sans vague de travaux, faute de fonds suffisants, mais avec une présence sur le net et une dynamique qui font passer le chiffre d'affaires de 500 000 euros à 800 000 euros en un an. De quoi refaire alors peinture et déco.
Il sollicite la designer Dorothée Meilichzon et le restaurateur David Lanher
L'aventure 'Sophie Germain' va durer cinq ans. Lorsqu'Adrien Gloaguen revend cet hôtel, c'est pour en racheter un autre dans le 10e. Nous sommes en 2011 et personne ne mise encore sur les abords de la rue du Faubourg Poissonnière. Sauf le chef Pierre Jancou, avec son restaurant Vivant, et Adrien Gloaguen qui crée l'hôtel Paradis, un 3 étoiles de 40 chambres, rue des Petites Ecuries (10e). Il en confie la déco à la designer et architecte d'intérieur Dorothée Meilichzon, dont c'est le premier hôtel. Un vrai pari. L'ouverture a lieu en 2012, après dix mois de travaux, au moment même où le quartier devient QG en vue de la capitale. "J'ai eu de la chance", murmure Adrien Gloaguen. D'aucuns diront "du flair"… Si bien qu'il réitère en 2013, en rachetant un hôtel rue Geoffroy Marie (9e), avec le soutien de la Banque populaire occitane et à nouveau la complicité de Dorothée Meilichzon. Deux ans plus tard, l'hôtel Panache voit le jour et Adrien Gloaguen confie le restaurant de ce 3 étoiles à David Lanher. C'est un succès.
"Je recherche le meilleur rapport qualité-prix"
"J'en ai marre des 4 étoiles qui facturent une chambre à 400 ou 500 euros à Paris. Pour ma part, je recherche le meilleur rapport qualité-prix", explique Adrien Gloaguen. Au Paradis, les tarifs oscillent entre 120 et 130 euros la nuit. Au Panache, entre 160 et 180 euros. "Mon rêve serait d'ouvrir le meilleur 1 étoile de Paris", dit-il encore. Pour l'heure le fils du co-fondateur du Guide du routard, prépare l'ouverture de deux nouveaux hôtels à Paris, en 2017. Autre actualité : la gamme de produits cosmétiques baptisée Bonne Nouvelle, qu'il a d'abord imaginée pour ses hôtels et qui s'affichent désormais dans une quinzaine de points de vente en France. Enfin, il reconnaît regarder au-delà des frontières pour créer d'autres hôtels. Londres et Bruxelles sont dans sa ligne de mire.
Publié par Anne EVEILLARD
mardi 20 décembre 2016