"Après une école de commerce - Audencia - et une maîtrise de droit à Nantes,
il y avait une logique à ce que j'intègre l'entreprise familiale de courtage en
assurances", explique Anne Jousse. Et elle va y rester durant vingt
ans. "Au début des années 2000, lorsque nous avons cédé une partie de
notre activité, nous voulions réinvestir dans une nouvelle branche,
raconte-t-elle. Or, mon père avait déjà acquis le Domaine de La Bretesche,
un hôtel avec restaurant et golf, près de La Baule. Alors pourquoi ne pas
creuser dans le secteur de l'hôtellerie ? Et c'est à moi que l'on a confié
cette mission."
Au départ, Anne Jousse avance à tâtons. Elle observe et s'aperçoit vite
de la limite d'une activité saisonnière, comme celle de La Bretesche. Elle ne
voit donc qu'un scénario possible pour investir dans l'hôtellerie : s'implanter
à Paris. Avec trois quartiers de prédilection : Saint-Germain-des-Prés, l'Opéra
et les Champs-Élysées. Pour elle, "l'emplacement d'un établissement, où l'on
peut toucher une clientèle d'affaires et de loisirs, c'est le premier critère
de sélection."
"Regarder, écouter, apprendre"
En 2003, Anne Jousse fait ainsi l'acquisition du Bel-Ami, à deux
pas de l'église Saint-Germain-des-Prés. "Une société de management hôtelier
s'occupe du fonctionnement de l'établissement. Moi, je ne fais que regarder,
écouter, apprendre et jeter un oeil sur les comptes." Mais elle se prend au
jeu. En 2007, elle reprend l'hôtel Edouard 7, avenue de l'Opéra,
alors qu'elle travaille toujours dans les assurances. Cette nouvelle
acquisition parisienne, "où tout était à refaire", l'incite à s'impliquer
davantage au sein de Bessé Signature, qui réunit les hôtels du groupe familial.
Elle quitte les assurances et prend en main la gestion de l'Edouard 7. Ce
qui lui plaît le plus ? "La variété de la tâche, à la fois liée au
commercial, à la communication, la gastronomie, la déco…" À cela s'ajoute
une politique de développement encouragée par "des taux d'intérêt à la
baisse".
Deux vagues de travaux prévues au Montalembert
En 2010, Anne Jousse part à la conquête des Champs-Élysées. Elle jette
son dévolu sur l'Hôtel de Sers. "Il n'y avait pas de travaux à prévoir, l'établissement
fonctionnait bien, la reprise a été assez simple", dit-elle avec le
recul. Cette acquisition va, en outre, permettre à Bessé Signature de proposer "une
offre complète", avec trois hôtels haut de gamme dans trois quartiers
emblématiques de la capitale et un hôtel dédié au dépaysement, au sport, à la
détente, proche de l'océan. "On s'est alors demandé si cela était bien
raisonnable de poursuivre notre développement, confie Anne Jousse. Mais
lorsqu'en 2012, nous avons eu l'opportunité de l'Hôtel Vernet, puis
en 2015 celle du Montalembert - qui fait l'objet de deux vagues de travaux
d'ici à avril 2016 -, les doutes se sont estompés. Car en image et en
emplacement, on ne s'est pas trompé en rachetant ces lieux."
Aujourd'hui, le groupe Bessé Signature, dont le siège social est resté
nantais, souhaite se développer au-delà de nos frontières. Londres est dans la
ligne de mire. Anne Jousse guette la bonne opportunité. Une méthode qui lui
réussit, même s'il faut "retrousser ses manches et se battre" face à "une
concurrence de plus en plus accrue".
Publié par Anne EVEILLARD