"J'ai l'amour du travail bien fait. Je suis d'origine italienne. Mes parents sont arrivés en France après la deuxième guerre mondiale. Fils de paysan, je ne voulais pas travailler à la ferme avec mon père. J'ai choisi l'administration par défaut, être fonctionnaire m'assurait une sécurité d'emploi. Je l'ai été pendant quinze ans. Un jour, un de mes collègues a ouvert une boutique de pizza à emporter, je l'ai aidé. Nous avons acheté ensemble une deuxième boutique. Il s'est arrêté, j'ai racheté ses parts et j'ai quitté l'administration.
Le succès de Tutti Pizza est du au fait que, dès sa création, nous avons misé sur des produits de qualité. La pâte est faite maison, le jambon est de premier choix, les produits sont frais. Nous n'utilisons pas de conservateurs. Nous avons un excellent rapport qualité-prix. Notre force réside aussi dans le fait que nous travaillons en famille. Sébastien, mon fils aîné, âgé de 35 ans, est à mes côtés depuis quinze ans. Il est le directeur des réseaux Tutti Pizza. Son frère, Julien, 30 ans, est directeur de la communication. Je leur ai appris à occuper tous les postes. Il faut savoir de quoi on parle si on veut donner des instructions, si l'on veut être écouté et être crédible.
Une réussite bâtie sur le bouche à oreille
Aller doucement, c'est la garantie du succès. Il faut maîtriser son développement. Nous n'avons pas de commerciaux. Notre réussite s'est bâtie sur le bouche à oreille. Le réseau augmente de cinq à six boutiques par an. Notre force, c'est d'accompagner nos franchisés. On leur trouve le local, on les équipe de A à Z. On leur fournit les outils pour travailler, une force marketing avec, par exemple, 2 millions de prospectus par trimestre déposés dans les boîtes aux lettres, des affiches au bord des routes, des encarts dans la presse et sur internet. On a recours à des chefs de cuisine renommés pour la création de pizzas originales, on lance des opérations commerciales durant des compétitions sportives comme la coupe du monde de football. Pour vendre plus de pizzas, on n'a pas besoin d'en inventer trois par jour. Une ou deux nouveautés par an suffisent.
Aujourd'hui, à 59 ans, je m'efforce de prendre du recul même si je vais au bureau chaque jour. Je laisse mes fils mettre en place leurs idées. Je suis fier de vivre de la pizza. Avant, j'ai été agriculteur, moniteur d'auto-école, fonctionnaire. Je me suis aussi occupé d'immobilier, j'ai possédé durant dix ans des distributeurs de location de films, je suis propriétaire de cinq salons d'esthétique. Je suis un battant mais, aujourd'hui, je suis excédé par toutes les contraintes administratives que l'on nous impose et qui ne servent à rien."
Publié par Propos recueillis par Bernard Degioanni