Roland Héguy : Nous nous interrogeons en effet sur les résultats. Est-ce que le décret va donner satisfaction au consommateur ? Va-t-il pouvoir lui permettre d'identifier le travail artisanal du cuisinier qui choisit ses produits et qui les transforme ? L'enquête Opininway/Umih que nous avons réalisé l'an dernier montre que 82% des Français estiment que l'utilisation par les restaurants de produits industriels est incompatible avec ce qu'ils attendent d'un restaurant et la création d'un statut garantissant que les plats sont cuisinés sur place était plébiscitée à 96%. La mention va dans ce sens mais le cadre fixé va-t-il correspondre à l'idée du fait maison telle que le conçoit le consommateur ? Il ne faudrait pas que cette mention ne soit qu'un label de plus dans le millefeuille des certifications et autre estampille associative. Aujourd'hui, le plus important à nos yeux, c'est la volonté de la ministre, Carole Delga, de créer un groupe de travail pour valoriser le métier de cuisinier qui doit nous permettre d'aboutir, et nous y travaillerons, à la reconnaissance du statut d'artisan cuisinier. Nous avons le soutien du président de l'UPA et de la CGAD, Jean-Pierre Crouzet, dans ce dossier. Nous espérons que d'ici à la fin de l'année nos professionnels soient entendus et reconnus. Je rencontre le 30 juillet Carole Delga pour la mise en place de ce groupe de travail.
Le gouvernement vous a donné gain de cause dans le dossier des surtaxes. Mais la bataille est loin d'être terminée.
Comme vous le savez, nous avons réuni le mercredi 9 juillet dans nos murs l'ensemble des acteurs du secteur du tourisme pour échanger sur les taxes qui pèsent sur l'activité et les graves conséquences de toute nouvelle surtaxe. Il est important de le dire : l'action collective menéea été ici décisive, montrant que la profession avait à la capacité à réagir de manière concertée et soudée. Le retrait de relèvement de la taxe de séjour n'est qu'un sursis car, si le gouvernement va revoir sa copie en ce qui concerne sa méthode de travail, une hausse du plafond est annoncée dans le PLF 2015. Les deux mesures avaient été prises sans aucune concertation avec la profession et il est évident que cette fois nous demandons impérativement à être associés aux futurs travaux. Toute réforme de la taxe de séjour doit aborder les questions essentielles d'affectation, d'assiette, de périmètre et de recouvrement. Nous restons totalement mobilisés. Nous sommes en train de diffuser auprès de nos bureaux 12000 autocollants qui sont traduits en 8 langues et qui affichent ces message : Surtaxer tue l'emploi et Surtaxer nuit gravement à l'emploi. Ils sont destinés aux hôteliers afin qu'ils relaient ces messages auprès de leurs clientèles. Nous continuons à réfléchir à d'autres actions qui seront mises en place à la fin de l'été et à l'automne. J'espère par ailleurs que le gouvernement a compris que ce n'était pas aux hôteliers de financer les transports et de palier à la mauvaise gestion des élus.
Comment se comporte la saison ?
La saison estivale commence après le 14 juillet pour se terminer autour du 20 août. Cette année, l'effet coupe du monde n'a pas profité à la restauration. Les gens sont restés chez eux. Ajoutez à cela un pouvoir d'achat qui s'est considérablement réduit, une pression fiscale qui ne cesse d'augmenter et pour les entreprises une marge de plus en plus étroite. Il ne faut pas se leurrer : même si le soleil revient, il ne remplace pas le pouvoir d'achat des Français. La destruction d'emplois observée dans l'hébergement marchand devrait faire réfléchir nos gouvernants dans leur volonté d'augmenter les taxes. Elle s'accélère dangereusement. En 2012, nous étions à - 300 emplois, en 2013 à - 2400 emplois. Sur le seul 1er trimestre 2014, 1 500 emplois ont été détruits (source DARES). La rentrée sera très difficile pour les entreprises et pour les salariés.
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes
vendredi 25 juillet 2014