Dans le quartier d'affaires de Buenos Aires, le Microcentro, les immeubles tutoient le ciel, les arbres sont rares et les passants, pressés. C'est ici que Dominique et Karina Croce-Gao ont ouvert en décembre leur enseigne Bonjour ! Arrivé en Argentine il y a deux ans et demi, Dominique Croce observe immédiatement que l'offre de restauration rapide est très limitée. "Pizzas, sandwiches et empanadas", résume-t-il. Karina, de par ses origines chinoises, songe d'emblée à lancer un fast-food de type asiatique. Mais le concept s'avère "un peu compliqué à faire accepter aux habitants de Buenos Aires". Après avoir monté quatre business dans des secteurs aussi variés que l'outillage, l'importation de chapeaux et la vente discount en ligne, le couple revient à son idée première, celle d'un restaurant, et penche pour un salad bar.
Une enseigne nature
S'inspirant de différents modèles tels que Cojean, Jour et Label Ferme, l'établissement joue la carte de l'alimentation saine. Les salades sur mesure, à consommer sur place ou à emporter, constituent son produit phare (soit 70 % des ventes). La clientèle choisit sa base (laitue, pâtes ou riz) qu'elle complète avec quatre garnitures parmi la trentaine d'options proposées (concombres marinés à la sauce aigre-douce, poulet au wok…), une sauce et un topping au choix. Bonjour ! propose également quelques classiques français (quiche lorraine, croque-monsieur), des recettes originales de sandwiches, tartes salées et soupes, sans oublier une jolie gamme de douceurs maison (financiers aux fruits rouges, dessert aux trois dulce de leche, panna cotta de lychee à la rose…), pour un ticket moyen de 6 €. "95 % des produits que l'on vend sont fabriqués sur place suivant des recettes imaginées ou adaptées aux goûts argentins par Karina et notre associée Victoria, toutes deux diplômées de l'Institut argentin de gastronomie", précise Dominique Croce-Gao.
Coté ambiance, l'enseigne cherche à créer une bulle d'oxygène au coeur du quartier d'affaires, un "jardin imaginaire" aux couleurs vitaminées. Le long comptoir est entouré d'un enclos de jardin, une cabane en bois dissimule le frigo, un deck en bois accueille du mobilier en osier, des stickers d'oiseaux égaient les parois vitrées, tandis que le plafond, peint en bleu clair, évoque le ciel.
Un pays entrepreneurial, mais risqué
Le restaurant de 45 places assises a su séduire les cadres du quartier. "Nous avons eu beaucoup de chance : nous avons vite trouvé le local, obtenu les accords et la licence nécessaires. Nous sommes arrivés au point de rentabilité en mars. Si nous doublons notre chiffre d'affaires en décembre prochain, nous envisagerons d'ouvrir un second point de vente fin 2013", annonce le jeune homme. À ses yeux, l'Argentine est un "vrai pays d'entrepreneurs", où il suffit "d'un bon concept et d'huile de coude pour donner vie à ses rêves". Malheureusement, le pays "n'est pas au meilleur de sa forme", déplore-t-il : "Nous allons certainement traverser une crise, car l'Argentine connaît beaucoup de problèmes économiques. Les importations sont très limitées. L'inflation est assez importante. Le coût de la vie, hormis l'immobilier, est devenu parfois plus élevé qu'en France. Notre priorité est donc de consolider les acquis."
Ses conseils pour lancer une affaire à Buenos Aires ? "Mieux vaut s'associer avec un Argentin qui soit du métier. Cela facilite les démarches administratives. Il faut savoir qu'il y a beaucoup de corruption et que ce pays marche à la confiance et à la recommandation. Par ailleurs, il faut être ultra-réactif et savoir surfer sur les bons créneaux au bon moment, car les choses peuvent changer très rapidement."
Publié par Violaine BRISSART