Parler en hors taxe
"Le consommateur n'est pas fou, il sait qu'il va y avoir des répercussions. De quoi aurions-nous peur ? D'appliquer ces trois points supplémentaires ? À nous d'expliquer aux clients", a avancé Luc Magnin, président des établissements saisonniers de l'Umih 38. Pascal Barthélémy, président des hôteliers du syndicat isérois a renchérit : "La TVA, ce n'est pas nous qui la modifions. C'est l'État qui l'impose. Nous sommes obligés de l'appliquer. La clientèle d'affaires récupère la TVA, cela ne devrait donc pas lui poser de problème. À nous de l'expliquer aux clients et de parler au maximum en hors taxe." Reste que l'exercice est difficile. Car il est pour l'heure interdit d'afficher ses prix hors taxe : tout doit apparaître en TTC uniquement. "Nous devons anticiper en proposant des menus différents. Un menu chasse un peu plus cher par exemple. En janvier, les augmentations passeront un peu plus en douceur", indique Laurent Gras.
Des salariés doublement touchés
La suggestion fait débat car, chacun le sait, le plat du jour à plus de 10 € passe mal. Il faut donc jongler, trouver des astuces, en un mot mettre à plat son offre pour mieux rebondir, dès à présent. La pérennité des établissements en dépend. L'équation est simple. Pour 500 000 € de chiffre d'affaires, les trois points de TVA supplémentaires représentent 13 636 €. Si le professionnel ne répercute pas cette hausse de TVA, il faudra l'imputer sur son bilan déjà très difficile à équilibrer. Ce n'est plus possible. Autre difficulté : le dialogue social dans l'entreprise. La prime TVA, directement liée à sa baisse en 2009, devrait être logiquement supprimée. "Et si l'on rajoute la refiscalisation des heures supplémentaires, nos salariés vont être doublement perdants", a souligné Luc Magnin. La grogne sociale guette, les suppressions d'emploi aussi. "Je vous encourage à mettre très vite tout le monde autour de la table pour expliquer la réalité des choses", a conclu Laurent Gras.
Publié par Nathalie RUFFIER