Pendant longtemps, Christophe Cadieu a été un protégé d'Alain Ducasse qui l'avait repéré dés sa formation au lycée Bayet de Tours (Indre-et-Loire). Son diplôme
en poche, Christophe Cadieu a d'ailleurs filé tout droit au Louis XV à Monaco comme
commis puis chef de partie. Il y a reste trois ans, puis passe quatre ans à Paris chez Alain
Ducasse. Il rejoint ensuite Michel Del Burgo durant quatre ans. Le jeune chef – qui décline la
proposition d'Alain Ducasse de chef au Jules Verne, à Paris - choisit en 2002 d'ouvrir son restaurant à Saint-Savin, dans la Vienne, où il obtient une étoile Michelin
en 2007.
"C'est là que la pression a commencé parce que c'était mon
entreprise qui était en jeu", se
souvient-il. Il finit par claquer la porte, tente diverses
expériences et se réinstalle à Preuilly-sur-Claise, dans le sud de la Touraine. "Ici je suis chez moi, mon village natal est à 6 km, j'ai fait mes
études à Preuilly, je connais tout le monde." Il reprend un restaurant fermé pour ouvrir La Claise,
une auberge où il peut accueillir 50 personnes. Mais ici "fini la
haute gastronomie et la pression qui va avec, j'ai fait un choix de vie, plus
simple, plus décontracté. J'ai trop couru, toujours stressé par le regard des
critiques."
"Mon passé me rattrape parfois"
Le chef a donc choisi un
autre style, mais qui marche du "feu de dieu". Son restaurant est constamment plein le midi et le
dimanche, et il doit donc refuser du monde. Il est vrai que la Claise a tout
d'un restaurant de terroir, avec un plat du jour à 12,60 € et un menu à
19,90 €. "Ce sont les tarifs de la campagne, et pour ce prix-là, ici, on peut
bien manger avec des produits locaux, frais et tous transformés maison."
"Bien sûr, mon passé me rattrape parfois
pour mettre une touche de gastronomie dans mes plats du jour", avoue-t-il. Christophe Cadieu - qui travaille seul avec son épouse et
des extras - a décidé de n'ouvrir que le midi, jamais le soir pour "profiter
de la vie", ainsi que le
dimanche midi avec un menu à 25 €. La Claise peut ainsi toucher l'ouvrier
des chantiers, l'homme d'affaires, le VRP ou les familles. Et il se sent tellement bien dans son nouveau rôle que, malgré ses 44 ans, il n'hésite pas à dire : "Ce sera ma dernière
affaire, c'est ici que je terminerai ma vie professionnelle."