du 19 mai 2005 |
EMPLOI |
AUX RENCONTRES PARLEMENTAIRES SUR LE TOURISME
Communication et formation, deux pistes essentielles pour le développement de l'emploi dans le secteur
Jean-Jacques Descamps et Michel Bécot ont invité des responsables politiques et économiques du tourisme à débattre sur le thème Tourisme et emploi. Des réflexions qui concluent à la nécessité de mieux former aux métiers du tourisme et à mieux les faire connaître.
De gauche à droite : André Daguin, président de l'Umih, Kathy Kopp, DRH de Accor, Jean-Jacques Descamps, ancien secrétaire d'État chargé du Tourisme et député-maire de Loches (37) qui présidait le débat, Dominique Hummel, président du directoire du Futuroscope et Georges Colson, président du Snav. |
Pour ces 4e rencontres parlementaires
sur le tourisme, Jean-Jacques Descamps, ancien secrétaire d'État chargé du Tourisme et
actuel député-maire de Loches (37), et Michel Bécot, sénateur-maire de Moncoutant (79)
et président d'Odit France (Observation développement et ingénierie touristiques
France), avaient convié une large palette d'acteurs économiques et politiques du
tourisme pour débattre sur un thème d'actualité : Tourisme et emploi. S'il manquait
bien quelques députés absents pour cause de vote à l'Assemblée nationale de la partie
législative du Code du tourisme ou de campagne politique pour le prochain référendum
sur le traité de l'Union européenne, les quelque 150 personnes présentes ce 12 mai 2005
à l'Hôtel Sofitel Porte de Sèvres ont pu entendre des échanges constructifs.
Les questions posées partaient du constat suivant :
"Première industrie française, le tourisme représente en 2004 plus de 100
milliards d'euros et 2 millions d'emplois directs et indirects. La France est la 1re
destination touristique au monde mais n'occupe que le 3e rang mondial en termes
de recettes (derrière les États-Unis et l'Espagne). Comment expliquer ce décalage ?
Est-ce un problème de coût de main-d'oeuvre, de rigidité d'emploi, d'attractivité pour
les jeunes dans ce secteur, et en particulier dans l'hôtellerie-restauration ? La
formation du personnel est-elle suffisante ?"
Gisement
d'emplois pour l'avenir
Pour trouver des pistes de réponse,
une première table ronde, présidée par Jean-Jacques Descamps, avait axé le débat sur
le potentiel que dégage le secteur du tourisme en matière d'emploi. Malgré la
diversité des témoignages, force a été de constater que tous les acteurs du tourisme
présents, aussi bien privés que publics, dirigeants d'entreprise, élus locaux ou
syndicaux, semblent s'accorder sur un point : le tourisme est un gisement d'emplois pour
l'avenir et crée de la richesse au-delà de son propre secteur. "Si vous voulez
de l'industrie, misez sur le tourisme car le tourisme attire l'industrie", a
résumé Paul Dubrule, cofondateur de Accor, récemment élu président de Maison de la
France. L'idée est partagée par Kathy Kopp, pour qui "la tête de la France
pense encore industrie alors que la France est dynamisée par les services dont le
tourisme".
Venue pour animer la première table ronde, la DRH
de Accor a mis l'accent sur la volonté du groupe de toujours chercher et expérimenter de
nouvelles façons de recruter et de fidéliser le personnel. La DRH du groupe hôtelier
qui embauche chaque année 5 000 personnes en France en moyenne et en emploie 28 000 (168
500 dans le monde) a cité, à titre d'exemple, le recrutement par simulation déjà expérimenté depuis 3 ans dans le groupe, et plus
récemment le recrutement par téléphone portable.
André Daguin, président de l'Umih, a quant à lui
également insisté sur la nécessité de communiquer pour montrer que les métiers de
l'hôtellerie-restauration ont évolué. Et de commencer par rappeler qu'il s'agit de
métiers 'tout neufs' puisqu'apparus après la Révolution française. Pour autant, "il
faut être honnête et prévenir que ces métiers sont faits pour ceux qui sont prêts à
travailler dur pendant que les autres se reposent. Ceux qui sont faits pour ça pourront
monter, à la force des mollets, l'escalier social permettant de faire carrière. Dans nos
métiers, ce sont les mains qui mènent à la tête", a-t-il imagé tout en
rappelant la nécessité d'obtenir la baisse de la TVA pour donner les moyens aux
hôteliers-restaurateurs d'améliorer les salaires.
Investissement
à deux retours
Côté formation et gestion de
carrières, thème de la deuxième table ronde présidée par Michel Bécot, tous se sont
aussi accordés pour dire que la formation professionnelle était un investissement
nécessaire pour la pérennité du secteur du tourisme. Pour Hervé Bertrand, directeur
général de l'Académie Accor, "la formation professionnelle, tout au long de la
vie, est un investissement à deux retours. D'une part, elle contribue à la performance
de l'entreprise. D'autre part, elle développe les compétences des salariés et accroît
leur employabilité, ce qui leur permet de profiter des possibilités de carrière
offertes dans le secteur et ailleurs. Et si le salarié quitte l'hôtellerie-restauration,
ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car c'est la preuve que le secteur est
formateur".
À ne pas négliger non plus : "La formation
continue des chefs d'entreprise qui sont à 80 % dans les CHR des dirigeants de PME ou
TPE", a souligné le président du Synhorcat, Didier Chenet. Ce dernier a par
ailleurs insisté sur la nécessité de "revoir l'affectation des subventions des
écoles pour que celles-ci arrêtent d'accepter des élèves qui subissent, sans l'avoir
choisie, leur orientation dans l'hôtellerie-restauration". Et de souligner
l'importance de la formation des jeunes en alternance qui permet de s'apercevoir plus
rapidement et plus tôt dans le cursus scolaire du jeune si celui-ci est fait pour
l'hôtellerie-restauration. Pour le président du Synhorcat, la formation en alternance,
c'est du gagnant gagnant pour les jeunes et pour les entreprises qui entrent en contact
direct, mais aussi pour les écoles qui peuvent mieux se rendre compte des exigences de la
réalité de terrain et peuvent donc plus facilement faire évoluer leur offre de
formation.
Autant d'interventions qui ont conduit Jean-Jacques Descamps à résumer ces rencontres de
la manière suivante : "En tant qu'acteurs du tourisme, nous sommes passionnés, mais il nous appartient de
passionner les autres. Le secteur souffre d'un problème de communication. Il faut
communiquer avec les jeunes pour les attirer dans nos métiers, communiquer avec les moins
jeunes pour qu'ils y restent, et communiquer avec les parlementaires pour lever les
contraintes, notamment en matière d'emploi saisonnier et d'apprentissage. Il faut
réfléchir à la mise en place d'indicateurs qui permettent de mesurer l'effet positif du
tourisme dans l'économie."
Tiphaine Beausseron zzz54
Discours de
clôture : le ministre du Tourisme salue l'action déjà menée par la profession
Les 4e rencontres parlementaires sur le tourisme ont été
clôturées par l'intervention de Léon Bertrand,
ministre délégué au Tourisme, qui a salué les bons résultats obtenus par le secteur
des CHR en termes de création d'emplois. "Avec une croissance de 2,8 %, c'est
pour 2004 le 1er secteur créateur d'emplois devant les services aux
entreprises et la construction", a-t-il indiqué. * Comité interministériel sur le tourisme du 9
septembre 2003. |
Pour Paul Dubrule, président de Maison de la France "Si la France ne se place qu'au 3e rang en termes de recettes touristiques, c'est parce qu'on ne fait peut-être pas tout ce qu'il faut pour que ces touristes vivent et dépensent dans notre pays. Il faut donc améliorer la qualité de notre prestation, lui apporter une valeur ajoutée, pour offrir au client le 'petit plus' qui fait la différence." Pour l'initiateur des rencontres parlementaires, la France ne sait pas encore vendre - via l'offre touristique - son patrimoine culturel, aussi bien historique que contemporain, et c'est dans cette direction qu'il y a des efforts à faire en matière de formation. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2925 Hebdo 19 mai 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE